mercredi 31 décembre 2014

Par beaucoup de détours, tu cherches
une place ou une voix,
un lieu intérieur.
Ton envie, avant tout, c'est d'être en vie,
vivant, mais au plus large,
cordages, entraves par dessus bord !
Est-ce de cela que te parle la neige,
et ses étendues vierges parsemées d'arbres solitaires,
veilleurs dans le vent glacé ?
Les chevaux, s'ils ne regardent pas la clôture,
caracolent vers l'horizon
dans la force de leur souffle !

Toi, tu te vois prisonnier !
Qu'est-ce qui t'écrase tant ?
Quelle est cette marque au fer rouge
derrière le sourire, l'affabilité ?
Quel est ce désir de forêt,
de chemin absent,
de cabane ensevelie sous les feuilles ?

Pourquoi toujours se perdre,
trouver refuge dans la rêche écorce,
dans le nuage radicalement sans présence humaine ?
Pourquoi bondir jusqu'à la lune,
chercher à boire sa lumière,
découvrir une émeraude dans le désert ?
La lune sourit, mais son sourire est de glace !
Ses vallées n'abritent aucun abricotier !
Tu continues à garder tes chaînes et tes envies
te laissent à moitié-mort !

Tendresse, tendresse, ce qui se brise là,
le front contre le bois, tu ne sais pas !
le réel te ronge comme un acide.
Les os de tes pensées n'ont même plus de peau !

La pie, là-haut, sur le grand charme
du parc de Boudonville, défie les flocons, défie le vide et te fascine !
Tu es une pie qui se fige dans son cri !

Les toits blanchis aèrent la grisaille des arbres,
forment d'étranges marches jusqu'au sommet de la colline.
La fonte a commencé.

Il n'y aura pas de nouvelle année !
Il n'y aura que du temps,
un marteau et un burin pour le traverser,

et rester sans mots à l'apparition de l'orée !


mercredi 24 décembre 2014

Voici peut-être
ce que tu as vu
la première fois
en ouvrant les yeux
quand tu as quitté
la maternité !
Un arbre, un nuage !
Et cela prenait
toute la place.
Il n'y avait rien d'autre
qu'un arbre
et un nuage
mais tu frissonnais
comme l'arbre
et tu étais aussi
immense que le nuage
Vous n'étiez pas séparés !
Vous étiez tous les trois
dans la splendeur !
Tu continues
à ouvrir les yeux
même si cela fait
longtemps que tu es né !
Tu veux retrouver
ce premier nuage
qui te saisissait
tout entier !
Tu veux retrouver
la caresse de l'arbre
qui te comprenait
mieux qu'une mère
ne le faisait !
Et tu ne sais pas
toujours comment faire
pour les retrouver !
Mais aujourd'hui
Ayant parcouru
allées et contre-allées
de la vie,
ayant bu poisons
et contre-poisons,
ayant aimé,
ayant haï
surtout ce que tu étais,
dans ta prison
ou à l'air libre,
à Noël ou
tous les jours,
avec ton masque
ou dans ta nudité,
tu veux continuer
à ouvrir les yeux
à laisser vivre
ce nuage natal
et cet arbre béni,
pour qu'ils prennent leur place
et que tu retrouves la tienne,
infinie liberté !


mardi 23 décembre 2014

Le froid s'approche
insidieux.
Il colore les nuages
d'un blanc rose.
Paisible,
tu vois de plus en plus
qu'il n'y aura pas de retour.
Il n'y a plus que
maintenant
au dessus de la colline noire
au repos.
Conscience, ma belle,
il n'ya que toi
qui te lie ou te délivre.
Et si tu fais ce pas de plus,
si tu recules encore un peu,
c'est le silence
qui prend feu !


lundi 22 décembre 2014

Au départ, il y a ce désir de trouver un fil, aussi mince soit-il dans le labyrinthe. A tâtonner dans l'obscurité, tu l'as trouvé. Il était sur le point de rompre. Tu l'as senti, le tenant entre tes mains.
Tu t'es mis en marche. Le fil glissait facilement. Ton front heurtait parfois des pierres sur la paroi, mais le fil était là. Parfois tu croyais apercevoir une silhouette, mais le fil t'entraînait plus loin. Tu ne pouvais pas t'arrêter.
Comme sur un écran blanc, des souvenirs apparaissaient, mais le fil te permettait de traverser cela, comme on s'enfonce par jeu dans un profond brouillard.
Le fil était là. Il ne te quittait pas.
Puis un jour, tu as cru être sorti du labyrinthe. Il n'y avait plus de recoins, ni de parois. Tout semblait s'être élargi, comme si tout en toi et autour de toi respirait. Le fil entre tes mains t'a semblé inutile. Tu l'as lâché, presque soulagé, ennivré par cette nouvelle liberté !
Tu t"es mis à courir, mais à chaque pas ou presque, des hommes et des femmes tatônnaient dans l'obscurité. Ils cherchaient un fil, aussi mince soit-il !
Tu as regretté le tien. Tu t'es mis à le chercher avec eux. Tu était décidé à aller jusqu'au bout du fil. Tu n'étais plus seul. D'autres cherchaient avec toi. D'autres tenaient un fil fragile en tre les mains !
Tu voyais que plus personne ne lâcherait son fil. Alors, malgré l'obscurité qui revient, tu continues ton chemin.
Parfois les fils se croisent et se décroisent, mais ce sont des fils d'or qui réchauffent les mains et éclairent les coeurs !
Peut-être ne sauras-tu jamais ce qu'il y a au bout du fil ?


dimanche 21 décembre 2014

La route se déroule. Les vitres s'assombrissent.
Une petite église au loin est emportée
avec le ciel qui s'assombrit
et les boules de gui, taches d'encre
à l'horizon des arbres.
A toute vitesse, les images se déroulent.
Les visages s'éloignent,
la voiture tremble avec le vent
et le monde n'est plus rien.
Il s'en va derrière l'auto
qui fonce à tombeau ouvert !
Tout est enveloppé de pensées
qui vont et viennent,
malgré le silence dans l'habitacle.
Chacun n'est-il pas seul
avec ce qui l'habite et s'enfuit
aussi vite que la route qui se déroule ?
Un héron tout blanc picore
dans un labour près
d'un étang de gravière.
Le soleil voilé se faufile
dans les interstices d'un ciel transi
et forme des auréoles passagères.
Quel point d'appui avoir
lorsque tout défile si vite ?
Cette présence ne se retrouve
qu'au bord d'une lampe, la nuit tombée,
qui délimite l'espace où tisser des paroles
qui ont un visage de patience,
des mots qui portent la peine du monde,
son effroi, ses cris jettés
sans réponse dans l'instant.
Et l'instant d'après n'attend jamais !
C'est le combat qui dure
pour inscrire sa chanson,
devenir un peu ce héron trop blanc
dans la glaise noire et lourde,
témoin d'une porte qui s'ouvre
par où l'on peut s'échapper !


samedi 20 décembre 2014

Au coeur
de ce rougeoyement,
il y a plus
que la lumière.
Peut-être des
eaux ?
La falaise grise du ciel
s'éclipse.
Cette errance
est bénie.
Ce qui a manqué
n'est plus malédiction,
devient du miel
pour celui qui cherche
la vérité de sa parole !

vendredi 19 décembre 2014

-Tu t'y accroches-
Désir de vivre
toi seul
lumière tienne
où tu respires
filet déchiré
oh ! espace
peur raideur
effritées
amour feu
ton vrai visage
tu t''y accroches
miroir éteint
jour sans déclin
même de nuit
tu es vie
cela suffit !

Tableau le Caravage

jeudi 18 décembre 2014

A peine plus qu'un reflet,
l'impression d'un arbre mort
sur le linge sale du ciel,
a peine plus
qu'une ombre
aussitôt oubliée
qui sort d'un monde
où tout s'est effacé,
tu passes toi aussi
dans les allées
de ce cimetière
où même les tombes
se poussent du coude,
où les noms sont marqués
d'un or dérisoire et les fleurs
pâlissent déjà dans la bruine !
Où sont les morts,
Où sont les vivants,
quand les morts
enterrent les vivants ?
On assassine des femmes et des enfants.
On bâtit des caveaux pour de la poussière.
Tu marches dans les allées
sans croiser personne.
A peine plus qu'un souffle
que le vent disperse,
à peine plus q'un merle
effrayé dans son repas
de graines de vigne-vierge,
tu vois bien qu'il ne reste
dans cette montagne d'os
que la chaleur d'une main
un regard qui s'éclaire,
une voix qui ne s'éteint pas !
Tu vois bien qu'il ne reste
que la nudité du réel
où tout s'enflamme !



mercredi 17 décembre 2014

-Besoin de rien-
Ce qui s'en va,
ce qui disparaît,
laisse un parfum.
C'est plus que le vide
ou l'absence.
On devine qu'il y a là
une autre attente !
Ce qui échappe,
ce qui fuit,
laisse un chant
murmuré avec peine,
un chant étrange
où l'on retrouve
les notes des premiers temps,
quand on avait besoin de rien
pour être !


mardi 16 décembre 2014

Tu laisses être peu à peu
ce qui est , cette splendeur !
l'ombre signale cela.
Tu ne ty attardes pas
Ces voix en toi
qui te ramènent toujours
à une réalité morte et vide,
ces voix sont celle de l'effroi !
Toi, tu balbuties encore,
tu apprends ta langue,
tu découvres ses couleurs,
tu t'inities à un langage inutile
pour mieux mourir à ce qui mourra
de toute façon !
Et tu offres cela
comme on oublie qui on est,
Ceci est un songe où tout se condense.
Tu es chez toi et cela ne finira jamais !


lundi 15 décembre 2014

-Coup d'œil-


Tu viens de penser :
...
“Et si c'était le monde
qui me regardait,
ces fumées blanches,
ces arbres qui changent
dans la patience d'automne,
ces vitres noires,
ces montagnes qui suivent
à l'horizon
le chemin du vent !”
Et en écho, tu entends :
“Toi, où es tu ?
Quel erreur y-a-t-il en toi ,
et quand s'apaisera-t-elle ?”
Tout devient si tranquille.
Tu te laisses contempler
par les lueurs du ciel !!
Chaque feuille d'arbre
est devenue un oeil !

 

dimanche 14 décembre 2014

Tout devient blanc
dans cette minuit étrange
de fin d'après-midi.
Et pourtant il y a
comme un accord
avec les veines noires
des arbres sur la colline,
et plus profondément,
celui qui est assis
sur une chaise,
libre,
et qui ne voit plus la fenêtre,
ne voit plus le ciel,
mais seulement
un bref instant
ce qu'il est vraiment !


samedi 13 décembre 2014

Ce lieu ample, apaisé,
le chant de l'arbre,
la graine qui vivrevolte,
serait-il en avant
ou est-il là,
lieu immédiat,
trésor inépuisable
sève qui traverse
soudainement le bois mort ?
dépouillé de toute parole,
privé de toute issue,
tu t'ancres dans l'essentiel.
Dernières rafales de vent
qui emportent des feuilles
devenues grises !
Ton gîte est l'ignorance douloureuse.
Pans entiers de rêves
qui glissent avec l'eau noire
des trottoirs luisants.
Mort fixé sans fuite,
tu t'épures !
Pas de consolation.
l'aube se venge.
Tu es emmuré
avec une goutte de lumière !
A l'étroit en tes os, en ta chair,
des monceaux de ciel de nulle part
qui crient et appellent,
muet, tu ouvres les lèvres.
Qui lira ces signes
au plus près de leur vérité ?
Eloigné des rives familières,
esquif sur un fleuve aussi gris que le ciel,
Quelle rencontre dans cette distance
permettrait-elle au chant de se déployer ?
Partir n'y changera rien !
Nulle vision de qui se lève en ta prison !
Les murs ne sont pas des murs.
Ils sont là pour que tu te souviennes
de la parole comme un feu
qu'on ne peut éteindre :
fais ta demeure en ton cri !

vendredi 12 décembre 2014

-L'assiette ébréchée-

Au loin,
toujours plus loin,
quelques paillettes d'or
dans le regard,
une si brève lueur,
et déjà tout s'envole,
comme l'enfant
qui ouvre la main
sans regret,
et le ballon disparaît !
Tu n'as rien retenu,
sauf l'éclat rose
d'un bourgeon à peine ouvert
de pommier du Japon,
et les oiseaux trop réveillés
ce matin
par la fausse douceur de l'air.
Le silence te suffit.
Une montée de silence
en pleine rue,
parmi les voitures
qui vrombissent,
envoûtement,
tu t'habites,
tu oublies les regards
et ne voit que noblesse,
jusqu'aux grains de bitume
du trottoir.
Tu repenses à cette mère
qui a perdu son enfant,
tu es là,
c'est tout,
toutes ces larmes
rejoignent le fleuve
sans vocabulaire.
Au bord s'éveillent
tous les
définitivement brisés,
et ils ne voient plus,
hypnotisés,
que les reflets d'or !
Plus rien ne sera comme avant.
C'est un autre pays
qu'ils habitent,
là,
les yeux ouverts,
avec la seule conscience,
compagne absolue,
cerf-volant
qui joue dans le ciel !
Et le cerf-volant te parle :
"Oh ! surtout tiens mon fil,
fil qui te relie
et te délivre !
Toi, passe parmi les hommes
les ciseaux à la main,
pour ouvrir des brèches.
D'autres viendront,
d'autres habiteront
le pays profond
où il n'y a rien à faire,
Respirer seulement,
être frère,
avec cette clarté
cœur au centre
l'infinité présente,
jusque dans l'assiette
ébréchée !
Tiens mon fil !
Tout le reste,
ombres et mort !


jeudi 11 décembre 2014

Les ombres ouvrent un passage :
incertaine lumière
où tu pourrais tomber !
Est-ce une attente
qui est postée là ?
Cet espace soudain
te sortira-t-il de ton chemin d'obscurité ?
Aveugle et humide de nuit,
tu continues
avec ces lueurs
qui gardent leur secret.

mercredi 10 décembre 2014

Le guetteur

Bien au-delà de ce remue-ménage, entrechoc des pensées, près d'un cri qui est aussi lumière, tu aperçois ce matin sur le cerisier dénudé, un corbeau, bec ouvert, sous la bruine froide !
...
Corbeau luisant et sans regard parce que trop loin de toi, qu'attends-tu ainsi ? Les fenêtres sont closes.
Chacun prolonge son rêve ou son baiser, pendant que les dernières feuilles sèches et presque grises tombent sous les assauts du vent, dans le désert de la ville.
Une lumière s'est allumée, une minuscule lumière sur la face terne de l'immeuble qui barre la colline. Un homme dans sa cuisine prépare son café, encore tout ensommeillé. Les nuages en cavalcade capturent les fumées des cheminées et poursuivent leur voyage.
Le cerisier a perdu son guetteur. Dans le jardin, aucune fleur n'invite le regard. C'est ainsi que vient l'hiver. Tu n'y changeras rien. En toi aussi les nuages passent leur chemin. La pluie succède à la lumière tremblante de l'automne. C'est comme une ronde qui sans cesse se renouvelle et tourne autour de toi. L'histoire qui est la tienne se déroule immanquablement. Des oiseaux aussi se sont posés sur tes épaules et se sont envolés, l'instant d'après, sans un regret.
Tout est-il songe ? Et qui donc en a écrit les grandes lignes ? et le songe reprend-il le même chemin que ceux qui l'ont précédé avant d'ouvrir les yeux ? Echappe-t-on à ce qui vient ? Quelle étoile s'est-elle arrêtée à l'aube au dessus de ton berceau et pourquoi poursuis-tu à jamais sa lumière ?
Creusement sans réponse où tu aperçois des enfants qui subissent la violence et d'autres qui trouvent refuge dans le sourire d'une mère en paix ! Gouttes de pluie de la souffrance partout qui tambourinent les toits des maisons qui se croient préservées, alors que monte la clameur ! Nulle part où aller sans croiser des visages qui sont des cris !
Tu ne veux pas sortir seul de ce rêve. Tu veux ouvrir les yeux avec d'autres regards, sentir sous ses mains un monde qui se délivre, avec d'autres mains, et embrasser la joyeuse lumière des matins où tout est encore possible !

 

mardi 9 décembre 2014

Minuscules gouttes d'eau
en attente sur une feuille minuscule
comme des planètes de cristal
perdues dans un ciel vert,
qu'est-ce qui vous retient
de rouler et de disparaître ?
Tu les regardes ces gouttes. Elles t'hypnotisent ! Combien de temps resteront-elles ainsi ? Elles sont là pour rien, gratuitement. Elles ne servent pas. Elles brillent de petitesse et de pureté. Si tu pouvais t'approcher encore plus près, peut-être découvrirais-tu une part de leur mystère ? Peut-être refletent-elles le monde d'une manière inconnue ? Peut-être apercevrais-tu le visage d'un passant auréolé d'une lumière nouvelle ?
Gouttes d'eau infimes
qui viennent rejoindre
ta vie goutte d'eau,
allez-vous bientôt éclater ?
Et toi, où vas-tu aller ?
Vas-tu en rester là
et lentement te dessécher ?


lundi 8 décembre 2014

Le flot de la lumière révèle toute chose tranquille.
le bol de thé fume et son ombre est nette et tranchante.
La chaleur du soleil repose sur une seule épaule.
Elle semble être une main amicale !
Une ligne blanche brille le long du crayon.
Quelques livres se reflètent
à la surface ambre du liquide.
Sur la page blanche
apparaît une écriture
mais aussi le grain du papier.
Quelles pensées pourraient bousculer
ce temps qui ne pèse pas ?
Tout est tranquille en cette seule réalité
parmi ces objets qui n'attendent rien.....
et pourtant !



dimanche 7 décembre 2014

Cette incertitude te paraît être une falaise.
Le froid s'insinue dans les jointures de l'être.
Les ombres s'agrandissent près des maisons
sur la colline, qui abritent des battements de cœur
sous la lumière des lampes !

Insaisissable, la vie défile. Tu aimerais que ce téléphone dans la nuit soit un signal, mais personne n'est au bout du fil. Jamais la clarté n'est assurée. Les genoux faiblissent. Tu ne peux pas être fort. Ton courage est de te mettre à l'oeuvre, qui est ta parole propre. Plus d'échappatoire ! Devant est le couperet du gris qui te laisse démuni !

Se taire, ce serait mourir, mais parler est presque une mise à mort ! Il te reste à peine un rayon de soleil !

Ni victoire, ni défaite !
Dans cette traversée
qui se prolonge,
seul un battement obscur
te guide qui n'appartient
à personne d'autre !




samedi 6 décembre 2014

A la fenêtre,
quelques étoiles
sont restées prisonnières,
ou bien peut-être
veillent-elles sur
un homme seul
allongée sur son lit
toutes lumières éteintes !
Elles ne veulent pas
que les portes se ferment,
elles ne veulent pas
que l'homme étouffe
la dernière étincelle
qui brille dans le noir !
Alors elles restent là
jusqu'au matin.
Et l'homme qui n'a pas
fermé les yeux de la nuit
les voient s'éteindre
tout doucement
et quand il ouvre sa fenêtre
un rayon de soleil
le saisit tout entier
et emporte sa nuit !


vendredi 5 décembre 2014

A quoi penses-tu, statue ?
As-tu encore toute ta tête ?
Ce que tu regardes est plus que le ciel.
Ce que tu désires ne peut se nommer,
puisque tout est enfermé dans la pierre !
A quoi penses-tu, statue ?
Statuera-t-on sur ton sort ?
De toute manière,
Un jour ou l'autre, tu seras brisée !
Aucun baiser ne se posera sur tes lèvres
sinon ceux du givre et de la neige !
Et pourtant peut-être
une main sur ta joue rèche
t' aurait redonné la vie,
une vie douce et puissante
toute contenue dans tes larmes
qui ne viendront jamais !
A quoi penses-tu statue ?
Peut-être à celui qui écrit
perdu dans un rêve
dont il ne reviendra pas,
dans ce trou béant
qu'a laissé une étoile
à la lumière éteinte !

jeudi 4 décembre 2014

Un sourire de loin
avance sur un fil.
Il danse funambule !

Pourquoi est-il là en équilibre ?
Tu ne veux pas qu'il tombe :
des cailloux acérés perceraient ses ailes !

Alors tu le regardes de loin.
Tu es derrière lui.
Chacun de ses pas
t'étonne par sa fragilité !
Tu inventes une manière d'être
dans l'invisible.

Ce sourire, tu ne veux pas qu'il meure !

Il a une respiration
aussi sensible que la braise,
ou la terre perlée d'aube !

Il vient du chant
qui bouleverse tout à son passage !




mercredi 3 décembre 2014

Froid, ne va pas si loin !
Ne rentre pas jusqu'à la moelle des os !
Les passants ont déjà assez à faire
avec la nuit qui veut les attraper !

Elle ne t'attrapera pas, tu ne penses plus !
Tu navigues dans l'océan des rues.
Les lampadaires sont des îlots
où toute menace semble écartée,
mais ces petits soleils électriques
ne te réchaufferont pas !

Tu préfères l'arbre réduit à rien
à l'entrée de l'hiver
qui défie le violet du ciel.

Il a l'air d'être mort !
Pourtant derrière l'écorce,
une patience infinie se cache.
C'est elle qui murmure :
"Tiens ta veille !"

mardi 2 décembre 2014

Peut-être est-ce la neige qui attend
que tout se calme ?

Un sourire, cet après-midi
a suffi !

Une porte s'ouvre
à la solitude blanche
dont la caresse est étrange.

Tu passes à côté d'elle.
A chaque flocon,
son coeur brûle étrangement.

Il reste ouvert au paysage
et à la brume qui decend lentement.

Peut-être est-ce la neige
qui est l'appel ?

les mains se rejoignent,
tu ne dis rien.
L'ombre disparaît,
la blessure se referme !

lundi 1 décembre 2014

Si rien ne fait signe,
perdu entre chien et loup,
si rien n'advient dans ta vie
si insignifiante à l'échelle du cosmos,

s'il te reste un coeur sur la main,
un souffle au matin,
pour accueillir ce qui ne prend rien :
l'aube rouge qui tremble
au bord des nuages,

si ce mur demeure et ne frémit
jamais sous tes caresses,
si ta crinière n'a plus rien
de celle d'un fauve,

et si ton cri tombe en poussière
sans avoir rencontré l'autre cri
par delà la frontière,

ce n'est pas grave,

offre un mot
l'un après l'autre,
comme des pas dans la neige,
uniquement pour rien !


samedi 29 novembre 2014

Jours de glace qui s'insinuent partout !
Ce n'est pas la mort qui rôde,
c'est une grande chape,
une grande tromperie générale
qui éloigne des sources.
Le givre n'apporte plus de rêve.
Il fige tout à son passage !

Bleu, bleu espace,
que craque la couture,
que s'écoulent grises
les formes sans visage !
le carton-pâte s'écrase.
Velours, viens poser ta joue
et ouvrir les prairies !
Debout ! Tu peux atteindre ta stature !
C'est possible ! Ne meurs pas,
ne te contente pas d'une flammèche !
Sans cette violence
qui brise les palissades
pour gagner le terrain vague
qui est ta terre,
à petits pas sur le trottoir,
tu resteras somnambule !
La lune est ta sœur ou ta mère.
Sa lumière vient respirer en toi,
arrondir le carré de ta chambre
où tu heurtes les murs blêmes !
C'est une autre maison qui t'attend,
sans bibelots ni babioles,
une maison bouche ouverte
qui crie sa colère !
Il te faudra encore des larmes,
des graviers qui te sortent des yeux,
toute cette pierre brisée à l'intérieur !
Ton rêve te rejoint dans sa robe
où passent les comètes.
Il frappe à ta porte entrebâillée.
Tu ne tiendras plus longtemps !
Griffures, échardes, plaies,
rien d'intact en ta chair !
Ta peau suinte tes cris !
Rien de fluide ! Ton désir
s'enroule dans les ronces,
se heurte à un rébus
dont toi seul à la clef !
Il n'y a pas de visage salvateur !
Il n'y a qu'une étoile minuit
qui continue à luire dans l'impasse,
et cette lueur t'attire :
tu voudrais t'endormir
dans cette corolle de flammes !


Tableau de Christian Schloe

jeudi 27 novembre 2014

L'étoile montante s'est noyée depuis longtemps !
La nuit est revenue,
striée de phares aveugles,
parsemée de fenêtres
où les enfants se réfugient
sous les lampes !
Echoué au poste de guet,
tu écoutes le cliquetis ironique de la douchette.
Sans surprise, tu attends le signal de la fermeture
pour gravir la colline
où des rouges-queues déboussolés
sifflent le crépuscule dans l'obscurité !
Reste-t-il un peu de clarté,
ou même quelques étincelles
dans un regard
aussi vives que celles d'un grand feu
tout à sa joie de ne rien garder ?
Mensonge que cette tristesse
qui est déjà le poids du jour !
Même brisé, tu peux sortir du cadre,
tu peux t'avancer en mille morceaux,
tu peux quitter le chemin du cimetière,
te perdre parmi les églantiers et les cytises,
pour rien, par folie... et vivre...!

lundi 24 novembre 2014

Ne pense pas au lendemain !
Ici brille dans la pénombre
des arbres qui ne peuvent plus se cacher,
un accord secret 
qui n'apparaîtra sur aucun papier,
qu'aucune bouche ne prononcera !

Et cette vie nocturne poursuit
son chemin sans déranger personne
comme les racines sont là
dans les failles pour la plus haute ramure !

Un chien blanc qui n'est
qu'appel à la douceur
est le seul témoin :

tu tiendras ta parole,
tu l'ensemencera de silence
pour qu'elle demeure sauvage et folle,
amoureuse toujours !


dimanche 23 novembre 2014

La lumière frôle encore un peu le peuplier décharné.
La trace d'un avion qui souligne la frontière des nuages s'efface déjà !
Disparition !
En marche vers où, tu ne sais pas.
Cette lassitude qui est là,
tu l'abordes avec éloignement,
preque avec douceur.
Commencerais-tu à comprendre ?
Dans les reflets du ruisseau, les arbres dénudés oscillent.
Tu te mets en sommeil,
comme ce canard col-vert
détaché de tout,
qui peu à peu se confond
avec l'eau noire
parsemée de feuilles d'or.
Folie ? Il n'y a pas de folie.
Tout au fond du ciel,
tout au fond de l'eau,
ta délivrance veille.
Elle sait tout.
Elle connaît ce sommeil mystérieux
qui s'empare de toi
pour des milliers d'années.
Tu n'as plus rien à craindre
lové dans cette feuille morte
emportée par le courant !
Ton retour a déjà commencé.
Tes os peuvent rester
dans leur tombeau !
Fourbu de journées formulaires,
tu as tenu et tu tiendras encore
car tu n'as pas quitté le Grand Rêve !
Magie de la bulle qui éclate
sous le doigt d'un enfant.
Ce qui éclatera bientôt
laissera place à l'oubli
de ce qui ne peut être traversé de lumière !
S'endormir, s'éveiller avec son rêve
qui enfin se réalise,
n'est-ce pas là le rêve le plus merveilleux ?
Ce n'est qu'un murmure, mais tu l'accompagnes.
Il s'écoule entre les brinsd 'herbe, sous les feuilles sèches,
frappe aux portes des maisons trop sûres d'elles
et s'enfuit jusqu'au bout de la rue,
un murmure sans importance et sans pouvoir
qui ne trompe personne !


jeudi 20 novembre 2014

A travers les trous des feuilles du noisetier,
le ciel est encore plus blanc !
Aucun feu ne réchauffera
le brouillard qui s'étend.


Le regard s'accroche aux murs,
à la moindre couleur,
à la moindre mousse errante,
à défaut de firmament.


La colline vit son effondrement de feuillages.
Ce n'est plus une épaule où se blottir,
à peine un hérisson de branchages noirs.


Étau de novembre, ne serre pas trop fort !

Le cœur grince comme une porte
mal arrimée à sa chambranle !


Nudité.
Tout t'est arraché !
Un vieux couple de merles 

 s'enfuit dans un piaillement 
de ton jardin que l'automne dévaste !

Des ombres passent et repassent.
Tu ne vois plus rien.
Tout est marqué de gris.
Même le plus proche et le prochain
deviennent lointains !


C'est l'heure de l"inquiétante étrangeté"!

Tu n'oses plus espérer un éclat de lumière :
le blanc qui t'entoure devient aussi obscur
qu'une cave d'objets au rebut !



Photo de Saul Leiter

dimanche 16 novembre 2014

La lumière au loin sur l'autoroute :
une effraction du soleil
t'invite à suivre
le mouvement.....
les voitures te doublent en vrombissant,
soulèvent des nuages de feuilles brunes
qui vont se perdre on ne sait où !

Au loin, cet éclair demeure, t'accompagne.
Y aura-t-il une fin pour l'horizon ?
Une larme de feu apparaît avant la nuit.
Frisson d'un incendie !
Des nuages sombres
cernent les flammes !
la vitre de la voiture
te permet de garder la distance.
Tu aurais bien trop peur de te brûler !

De retour à la maison,
à l'abandon sur une table de chêne,
tu écris maintenant.
Tu es surpris par la violence
de la lumière de la lampe.
Rien à voir avec l'embrasement
du soir, tout à l'heure !

Tout y apparaît nu :
une pièce de ving centimes,
un couteau à manche de corne,
une bille d'acier, une nanas
qui valait dix billes de verre
dans les cours de récréation !

Toi seul est en errance !
Toi seul n'a pas de place !
Tu es perdu pour de bon
dans un monde figé
et c'est irrémédiable !

Effacement !
Peut-être est-cela qui transformait
le coucher de soleil sur l'autoroute
en lumière fascinante !

Effacement !
S'effacer, disparaître
dans le brouillard
pour qu'il ne reste
que ce qui doit rester !

Il n'y a personne !
Ici, il n'y a personne !
Plus de rôle à tenir !
Tes yeux éclairent aussi le monde
Laisse ton regard à sa nudité !

Tu es perdu, perdu pour de bon !
Même la tendresse semble parfois peser !
Tous ces visages que tu aimerais effleurer.
Mais il y a l'écart, l'incompréhension,
la croyance qui fait mur !

Si tes mains pouvaient parler,
elles déposeraient leurs poèmes
sur des épaules crispées,
des nuques trop raides,
des bras prêts a frapper !

Tes mains se taisent.
Tu restes seul à ton bureau,
entouré des lumières
qui s'allument une à une
dans la nuit !

Tu penses à ce jour déjà fini :
à peine un battement de paupière !

Il n'y a personne ici !
Personne !

Tout retourne au repos,

et tu continues à ne pas savoir dire !

jeudi 13 novembre 2014





La nuit enveloppe tout,
se dépose même sur les livres !


Seul devant des vitres noires
couvertes de gouttelettes d'argent du brouillard,
tu vis cette défaite,
celle des rêves éparpillés,
des mots qui ne tiennent pas chaud !


Sous le masque,
il y a un mur sans étoiles !
Ton seul outil : un stylo !


Le don n'est pas reçu.
Partout l'opacité !
les murs ne se rencontrent jamais !


Tu es enceint d'une histoire
où chacun pourrait trouver
le visage qu'il aime,

à l'intérieur,

loin des fenêtres envahies d'obscurité,

loin des reflets froids des néons

et des livres bientôt retournés
à la poussière !


 

lundi 10 novembre 2014

Dans le long silence de l'après-midi,

dans le déchirement des nuages,

dans le grain de raisin qui accroche la lumière,

une ombre se rapproche
dont tu ne sais rien !

les dernières feuilles d'or du bouleau
signalent sa présence.

Peut-être pose-t-elle
son bras sur ton épaule ?

Tu es là, tu ne t'envoleras pas !

Ce qui se passe en ton corps, en ce moment,
ce n'est pas de la fatigue, du dégoût,

c'est un espace qui ne t'appartient pas,

et l'ombre vient de ce pays muet
où personne ne se reconnaît !

En contre-bas de la fenêtre,
le ginko-biloba semble vouloir
ne perdre aucun de ses écus !

Le soleil de Novembre frôle seulement
la cime des grands arbres.

Serait-il possible d'aller là-bas
et de s'y endormir ?

L'ombre semble grandir, elle qui ne vient pas de la nuit, 
elle qui imite avec douceur le glissement des nuages.

Elle vient habiter chez toi.
Elle connaît ton secret !

Elle sait par où passer pour te rejoindre
en cet espace sans violence qui sourit !

Elle te reconnaît, elle t'approuve sans mot dire :

"C'est bien toi que je traverse !
N'es-tu pas toi aussi feuille 
d'un grand arbre insoupçonné !

Les feuilles d'or qui veulent vivre encore
tremblent légèrement. Ce sont elles
qui retiennent le soleil prêt à disparaître !

Et tu vois cet espace qui grandit,
l'ombre qui prend ton corps
comme on dépose un enfant
endormi dans son lit !

Les feuilles frémissent plus fort.
Quelques oiseaux se sont réfugiés 
dans les houpiers en feu !

Ils ne veulent pas de la nuit !
Ils veulent s'endormir ou mourir
avec le soleil !

Et toi tes yeux se ferment.

Quand tu les ouvriras à nouveau,
il n'y aura plus que l'attente
des arbres dénudés prêts à offrir
leurs squelettes à la neige trop pure !

l'ombre te rappelera
qui tu as été,
qui tu dois rester,

malgré la grande blessure de l'hiver !





dimanche 2 novembre 2014

Cette corde qui ne peut être rompue, bleue comme le ciel bleu, à quoi peut-elle servir ? Pour quelle parure ? Ton étonnement demeure, même si tout s'est éloigné. Tu demeures en suspens ! 
La cigogne regagne sa contrée sans emporter son nid. Un peu plus de silence à chaque coup d'aile ! Avancer, avancer, sans jamais se retourner ! Elle ne t'a pas emportée sur son dos !
Mais tu n'es pas misérable de chercher ton désir sous le sable. Si la soif n'est jamais comblée, un grain de raisin suffit !
Craquement des marches de bois de l'escalier ! Tout est habité de présence. Et cette force qui te tient, te retient parfois, quel nom lui donner ?

Des coeurs en réseau désirent vivre !

Tu ne veux pas quitter cette balançoire qui donne des couleurs au monde. Tu entends le rire d'un enfant :"Plus haut ! Plus haut, s'il te plait !", et puis tout disparaît.

Non, il reste autour de toi comme une chaleur. Chacun a une histoire à raconter. Chacun a son histoire.  Chacun ses monstres, ses héros, ses pièges dans la forêt, ses galopées pour échapper !

Et au loin, se dresse la plus haute tour, celle peut-être qu'on n'atteint jamais !


lundi 27 octobre 2014

Tu regardes cette toile d'araignée dans le brouillard. De minuscules gouttelettes l'ont transformé en joyau éphémère. Demain, peut-être n'y aura-t-il plus rien ? 

Tu marches maintenant dans les rues désertes. Le chien blanc à la grille te regarde passer comme si tu étais une ombre ! Le long du mur refait à neuf du parc de Montbois, tu traînes tes pieds intentionnellement dans les feuilles qu'on dit mortes. et pourtant elles rayonnent encore. Un sang étrange parcourt leurs nervures !

Un homme âgé lave sa voiture avec une brosse en sifflotant. Que peut signifier une voiture propre pour lui ? Le brouillard y déposera bientôt ses gouttelettes grises de saleté, malgré son ardeur à frotter !

Tu remontes dans ta colline, à ton bureau perché. Le hêtre pourpre a disparu. Les arbres les plus proches apparaissent et disparaissent au gré du vent qui apporte aussi avec lui le silence et une interrogation :
Si tout venait à disparaître, dans un brouillard de plus en plus dense, que te resterait-il ? S'il pénétrait cette pièce soudainement, et que tu sois plongé dans cette immensité grise, que se passerait-il ?

Il te suffit de fermer les yeux ! Tu perçois le souffle qui t'anime. Tu t'y sens bien. Nul peur en toi ! Tu accueilles ton souffle et ton souffle t'accueille !

Peut-être es-tu respiré bien plus que tu ne respires ? 

C'est tout ce que tu peux dire !