lundi 27 octobre 2014

Tu regardes cette toile d'araignée dans le brouillard. De minuscules gouttelettes l'ont transformé en joyau éphémère. Demain, peut-être n'y aura-t-il plus rien ? 

Tu marches maintenant dans les rues désertes. Le chien blanc à la grille te regarde passer comme si tu étais une ombre ! Le long du mur refait à neuf du parc de Montbois, tu traînes tes pieds intentionnellement dans les feuilles qu'on dit mortes. et pourtant elles rayonnent encore. Un sang étrange parcourt leurs nervures !

Un homme âgé lave sa voiture avec une brosse en sifflotant. Que peut signifier une voiture propre pour lui ? Le brouillard y déposera bientôt ses gouttelettes grises de saleté, malgré son ardeur à frotter !

Tu remontes dans ta colline, à ton bureau perché. Le hêtre pourpre a disparu. Les arbres les plus proches apparaissent et disparaissent au gré du vent qui apporte aussi avec lui le silence et une interrogation :
Si tout venait à disparaître, dans un brouillard de plus en plus dense, que te resterait-il ? S'il pénétrait cette pièce soudainement, et que tu sois plongé dans cette immensité grise, que se passerait-il ?

Il te suffit de fermer les yeux ! Tu perçois le souffle qui t'anime. Tu t'y sens bien. Nul peur en toi ! Tu accueilles ton souffle et ton souffle t'accueille !

Peut-être es-tu respiré bien plus que tu ne respires ? 

C'est tout ce que tu peux dire !



dimanche 26 octobre 2014

La nuit perdure, serre ses noeuds. Ivoire d'un visage figé ! Aux quatre coins, des rouges lueurs montent la garde. la mort ajuste le linceul. Eteinte, l'étoile attend le brandon !
La fracture ne sera jamais réduite, les ponts sont coupés, la guerre bruisse !
Des branches noires entaillent l'espace. L'horizon étouffe ! Acre, la fumée se déploie dans la confusion.
Arraché, au bord du lit, un coeur palpite encore. Le bleu n'est plus qu'un souvenir qui donne le vertige !
Les obstacles sont levés. La mort tient en son pouvoir l'engendrement. Une boussole crie sans reconnaître l'orée. Le sentier s'effondre entre les roches ou disparaît dans les taillis. les ronces sont perlées de sang. Un serpent violet seul a droit de passage !
Bouleversée, la forêt frissonne !
Les derniers accords d'une danse très ancienne se perdent dans l'ombre. Les oranges restent vertes. L'eau est devenue une plainte entre les mousses. L'aube n'est plus qu'un mot prononçé en secret. Fusion des derniers rayons dans un socle de ténèbres !

Au milieu de nulle part, l'attente est inutile !

La densité où se brise toute transparence accroit sa puissance. Les fronts des rêveurs heurtent des falaises innombrables aux abords des quais. Une pierre froide fossilise les pensées. Des algues qui suintent l'ennui remontent les rues. Roulés dans des couvertures sans couleur, les dormeurs ne se réveilleront pas. Sur chaque porte des clous ferment l'issue !
Apatrides, des ombres ne peuvent qu'aller et venir. Livide, la biche ne trouve plus de rosée. Les cordes ne servent plus aux étoiles. On aperçoit du sang derrière les derniers reflets d'or ! Elargir, cela ne veut plus rien dire !

Sur un papier calque perdu, on reconnait la tour qui s'est effondrée !

Rubis sur l'ongle, les derniers monarques croient vivre. L'écart s'est agrandi, irréversible !

Mais ...

Un merle enchanté a trouvé la fenêtre de l'enfant malade. Etonné, ce dernier écoute les trilles de l'oiseau qui se prolongent jusqu'à sa disparition !
Il n' a plus mal au ventre : cela tient du miracle !!


samedi 11 octobre 2014

Les tours noirs de la cathédrale montent la garde. Le brouillard est l'ami d'un rêve qui se prolonge !
Tu serres la main chaude et large d'un ami que tu n'as pas vu depuis trente ans. Qu'est-ce qui se renoue là ? Il note sur son journal ton adresse mail !
Son visage est déjà un souvenir qui se prolonge aussi, à travers deux yeux sombres, et puis c'est la disparition !
Tes épaules tombent un peu ! Tu reprends ta marche. Les années s'insinuent-elles jusqu'à tes jambes ?
Sur la place, le vide domine. C'est un trop grand espace. Un rayon de soleil comme une épée tranche la brume. A l'étal de l'épicier, les fruits brillent comme s'il les avait astiqués. Odeur de pain chaud ! la porte de la boulangerie est ouverte. On fait la queue ! Dans l'air une transparence soudaine !
Tu parcoures les ruelles qui ne sont plus si grandes. Pourquoi l'enfance agrandit-elle les distances. Par les fenêtres des vieux hôtels particuliers, tu devines un secret. Il y a sans doute dans des cours intérieures, des fontaines qui coulent pour personne ou pour quelques mésanges.
"Il n'y a pas de hasard !" a dit cet ami rencontré par hasard. La foule est revenue hantée les rues ! Tu regardes tes pieds !
Qu'est-ce que cette tendresse en toi qui ne veut rien dire ? Les mots tournent et retournent dans ta bouche. Avec un appareil qui prends le pouls à ton index, tu as écouté les battements de ton coeur dans le grand hall de la bibliothèque. C'est l'idée d'une artiste !
Tu promènes ton coeur qui bat parmi les livres. "Oh ! Temps, suspends ton vol !
Par la vitre du dernier étage, la ville se déploie, et parmi ses milliers de maisons inertes, des coeurs battent aussi !
Eclaircie comme une déchirure ! Ce n'était pas une trouée, mais une vraie rupture des nuages dans le ciel. Et s'il était possible de retrouver la légéreté ?
Sur la place, parmi les fleurs en fanfare, il y 
avait une sauge rouge étrange, légère, aérienne ! Si tu prononçais un voeu, ce serait celui-là, ne plus rien peser !
Dans l'allée de la pépinière, tu as croisé justement quelques enfants sans poids, et près de la chapelle des cordeliers, un couple aux cheveux blancs qui ne portait pas le poids des ans !
Qu'est-ce que c'est que ce mensonge ? Ce qui est rigide tue la vie ! Départ à chaque seconde : tu ne veut plus te reposer à l'arrivée. Il n'y a pas d'arrivée, rien, le dire, le voir pour permettre le passage. Tu te mets en chemin avec cette lueur. Est-ce si étrange que cela de se fier à un fil invisible, un fil qu'il fait bon tenir en main ?
Une perruche d'un vert intense traverse l'espace avec son message : sois un vivant ! Tu es un verre de cristal fragile !
Sur les pavés de la place, tu as aperçu des milliers de signature. Tu aimerais toi aussi signer une alliance. Une place t'attend dans la ronde, où l'on est sans mesure, ouvert et libre, plus que le vent !

jeudi 9 octobre 2014

Au pied du platane, un enfant joue aux osselets. C'est toi, il y a longtemps !
Cris dans la cour de récréation !
Un enfant et sa mère se tiennent devant la maîtresse qui est devenue un monstre !

Sur la colline, une maison tranquille, une chambre, une cheminée pour y cacher des secrets, voilà le décor !
Les tâches au plafond, c'est une expérience du petit chimiste qui a mal tourné !
Tu te vois le regard tourné vers le mur, sur ton lit de skaï noir !

Par la fenêtre, un parc, avec une maison en ruines. C'est ailleurs, c'est là-bas que tu iras vivre. C'est sombre, presque angoissant, mais tu pense que tu y trouveras la lumière, autre chose, malgré les sapins noirs et les hautes herbes, les orties qui piquent si fort !

Le banc sous les tilleuls est solitaire. Tu aimais t'y asseoir, préparer des breuvages extrêmement mortels, des poisons subtils qui sentaient bons les feuilles en décomposition !

Course éperdue dans les caniveaux ! L'eau gicle partout ! En culotte courte, il n'y a que les pieds qui sont trempés !

Le temps a-t-il fait oeuvre d'orfèvre ! Y-avait-il une promesse ? Ou bien tout se recouvre déjà de salpêtre, comme un vieux mur de cave ?

Tout se disperse !
Vanité, trace de buée sur la vitre !
Les asters mauves, eux, tiennent leur place. Ils sont splendides ! Ils t'impressionnent !

Peut-être est-ce pour cela qu'on dépose de chrysanthèmes dans les cimetieres. Ils prennent la place des morts ! Feux d'artifice des couleurs !

L'automne n'a jamais été aussi proche, en plein coeur d'octobre ! Ton pas n'est plus aussi sûr ! Il y a en toi quelque chose de vacillant ! Toutes ces feuilles de marronnier qui couvrent le trottoir.... un coup de vent, le bitume apparaît !

Tu te revois souffler sur les braises. Fumée âcre ! La flamme ne vient pas. Ton souffle est court, et puis, soudain, le bois s'enflamme. Tu regardes cette danse ! La conscience, aussi est une flamme ! S'y réchauffer !

Sur la feuille morte, des gouttes tremblent !
Craquement du raisin sous la dent !
le bouleau pleure son or !

La vigne-vierge résiste, rouge de son désir de vivre. Les parapluies voguent, se heurtent parfois. Reflet du ciel noir dans une flaque !

Tu connais le poids du jour, des choses qui se répétent. La nuit s'insinue partout !
ton livre est ouvert, le reste, nu comme toi !

Trop brutale, la lumière de la lampe ! Tambourin de la pluie sur le toit !
Tu vois les escargots baveux à l'assaut de la rhubarbe !
les passants fuient aussi, se liquéfient !

Cette fatigue t'assaille. Le brouillard est aussi près du coeur. Singulier vertige d'être en sursis ! Les feux rouges des autos te scrutent !

Les derniers marrons tombent et leurs bogues éclatent avec un bruit sec, un peu comme les glands dans la chênaie ! Tâches d'humidité sur le murs : elles ressemblent à un paysage chinois !

Tu vois ce tunnel, tu y pénètres, mais y-es-tu vraiment ? Le jardin est gelé avant les grands froids. Le vent a une intelligence qui te surprend. Le corbeau sur la pelouse encore verte n'a même plus peur de toi !