samedi 27 septembre 2014

Il n'y a personne ! Nulle direction ! C'est ici le moment auquel personne n'échappe, un gouffre là, immédiatement comme deux mains qui claquent quand elles se rejoignent ! Que choisis-tu ? Dis, que choisis-tu ? Te vois-tu à l'étroit ? Marches-tu entre deux murs gris qui n'en finissent pas de s'élever ?

Et quand tu lèves les yeux, les oies de passage te donnent le vertige. Ce n'est pas ton chemin, ce n'est pas ton rêve poursuivi comme on ne peut retenir un cri à l'aube sur une cime qui s'enflamme soudain !

Tu écris vivre sur ces murs qui viennent te border jusque dans ton sommeil et des écailles tombent à terre. Ils ne tiendront plus très longtemps sous les assauts répétés de l'encre et de la rage !
Tu écris vivre et à travers les deux trous béants d'une face de mort, tu aperçois un arbre qui se remplit d'oiseaux ! Il y a des passages à travers les os, un vent qui est une caresse glisse sous les côtes, dépose des graines dans le crâne vide. Nul ne sait ce qui y germera !

Tu rejoins la terre originelle, celle qui t'espère, avant même que tu connaisses le goût de l'espérance ! 

Tu écris vivre sur la ligne blanche d'une fumée d'avion. Et si déjà tout s'efface, tes os se rassemblent, ta chair fleurit comme l'oued, après une averse inattendue ! 
Tu te penches vers toi-même, soigne tes blessures avec l'huile des mots qui ne veulent rien !

Qu'est-ce que c'est que cette histoire d'âge ? C'est quoi cet enterrement, comme un baîllon sur la bouche et deux pointes rougies au feu, enfoncées dans les yeux !
Tu viens encore de naître ce matin. Tu as pris tes ailes à ton cou pour échapper au filet des vieilles pensées gardiennes d'une cage nauséabonde !

La vie afflue jusqu'au bout de tes doigts qui se mettent à vibrer. Toutes les saisons sont derrière toi. Tu n'as gardé que le printemps qui affleure en toi comme un bulbe de tulipe !

C'est cela que tu choisis ! 

Tu ouvrirais bien ta fenêtre pour le crier à ceux qui croient toujours à la mort !


dimanche 14 septembre 2014

Un oiseau timide au cœur de la forêt siffle trois notes. Légers crissements des premières feuilles mortes, ou
claquements secs des faines sur le chemin ! Dans les jardins les dernières roses ont pris de la hauteur. Les lauriers jaunissent, les feuilles de vignes ont des coup de soleil ! 
L'automne prépare sa visite. Tu ranges un peu ton bureau. La lumière éclaire un livre qui traîne sur le parquet, puis diminue soudain. Tu regardes le dos de tes mains légèrement fripé ! Éclair blanc et noir, tu viens de voir passer une pie ! Un arbre ondule comme si le vent était prisonnier de ses branches !
Tu ne sais pas si tu penses. Tu te méfies des mots qui chantent un peu trop. Et pourtant ta porte n'est pas fermée. A qui frappe, tu ouvres, c'est comme cela !
Une rougeur sur les joues, un œil qui cligne, une voix qui tremble, un être humain crie, appelle derrière le masque ! Inutile de tricher ! Qui n'est pas fragile ? Qui n'a pas le coeur qui se serre quand un visage se détourne ou baisse la tête ?
Tu n'es rien, à peine une ombre. Elever la voix n'y change rien ! Un pigeon à la recherche d'une miette évite de passer devant tes pieds ! Tu n'es rien, rien qu'un être humain, avec des trous partout, qui attend son bus, se lève le matin, s'assure devant la glace qu'il a toujours un visage, même s'il voit bien qu'un reflet n'est rien aussi !
La haut, le vent frissonne. Tout est ouvert. On s'y perd de vue comme on se perd dans les yeux d'un nouveau né !
La-haut, la tête disparait. Peut-être y-a-t-il un coeur, mais il n'est pas tout seul. Les nuages sont toujours accompagnés, ou se tiennent la main. Encore faut-il rêver que les nuages ont des mains, ou que les roses blanches qui ne sont pas encore gelées veulent te parler ?

Ce serait tellement simple qu'on s'entende, comme les asters dans leur gerbe. Pas un qui cherche à écraser l'autre ! Faudrait tous avoir le coeur sur la main des nuages à la place de notre tête !
Et cela te fait sourire...des humains-nuages en voyage qui voguent sans violence, sans verser de sang !


mardi 9 septembre 2014

L'eau court jusqu'au matin et personne ne la regarde. 

Seul le vent peut-être accompagné du chant des branches. 

l'eau court, change de voix, et toi, tu t'agrippes à la rive !

L'eau chante avec les feuilles, et toi tu refermes la fenêtre, hanté par ce portrait blanc, immobile qui te fixe !

L'eau est déjà plus loin !

Et toi, tu as épousé une image dont il ne restera rien. 

Tu ouvriras les yeux un matin. tu rejoindras l'eau. 

Tu ne retiendras plus rien !



lundi 8 septembre 2014

Miaou ! Tu lèves la tête, étonné ! Un chat siamois, très fin, avec ses grands yeux bleus te regarde du haut de son balcon orné d'une grille noire en fer forgé. A ton appel, il ne bouge pas, ne te regarde même plus, tout empli de sa grâce de félin !
Mais un bref instant, dans son regard, tu as eu le temps de lire de l'amusement et comme une transparence qui élargissait soudain l'espace de la rue !

"A quoi tu penses ? Et pourquoi tu penses tant ? Moi, le bleu de mon regard ne quitte jamais l'étonnement d'être ! Et toi, tu embrouilles tout ! Tu te prends presque les pieds dans le tapis de tes pensées !"

Voilà ce qu'il t'a raconté le chat siamois farceur ! 

De retour à la maison, ce fut soudain plus facile de rester sur une chaise à ne penser à rien, à te laisser hypnotiser par le hêtre pourpre toujours fidèle au rendez-vous du soir, quand la lumière s'apaise et que les ramiers jouent à se poursuivre de cheminée en cheminée !




samedi 6 septembre 2014

On s'active dans le jardin. Des bruits montent à ta fenêtre : un moteur, des coups de marteau, un volet qui claque, une voiture qui démarre ! Les nuages sont béats. Ils restent sur place comme s'ils se diluaient.
Les arbres sont sans impatience, ni patience d'ailleurs. Ils n'attendent rien. Ils sont agis par le vent, offerts au soleil. Ils ne résistent jamais à rien. Ils sont arbres jusqu'au bout des branches !
Toi, tu bouges un peu sur ta chaise d'osier. Tu croises et décroises les jambes. Tu n'attends rien, mais cela reste tout de même une attente indéfinissable !

Croassements dans le lointain, plainte d'une scie circulaire !

Tu n'attends rien, mais tu cherches encore. Les mots sont vraiment là comme une présence. Ils ne sont guère éloignés du babillement de l'enfant qui vient de naître ! Ils n'ont pas de message. S'ils révèlent quelque chose, c'est simplement une parole qui résonne au coeur de cette réalité, une colline légèrement ensoleillée, un après-midi de fin d'été. Ils n'ont pas plus de consistance qu'une fumée de cigarette !
Mais la fumée est légère. Elle forme des volutes bleutés où l'on peut rêver !

Puis tout disparaîtra, comme le bruit de la circulation, quand tu refermeras la fenêtre !

Ce sont tes mots, mais ils ne t'appartiennent pas vraiment. Ils s'échappent, ils s'envolent comme ballons gonflés à l'hélium ! Mais une fois couchés sur le papier, ils restent immobiles, traces d'encre, lettres plus ou moins bien formées. Tu es alors un peu orphelin avec tes interrogations silencieuses, aussi silencieuse qu'une nuit débordante d'étoiles !

Une moto remonte la rue de la colline. Vrombissement !

Aurais-tu fait un pas à côté de toi-même ? Où vas-tu vraiment ? Que reste-t-il ? Quel est ce vent qui se faufile ? Où s'effondrent tes rêves ? Inachèvement même de tes questions !

Et ces années qui viendront, qu'en sera-t-il ?

quelques cris d'enfants. Un moteur hoquette !

Tout rentre et s'échappe par la fenêtre. A l'intérieur ? Dehors ?
Tout disparaît avec les mots volants !

Tu ne t'endors pas. Ta respiration est comme la mer qui bat régulièrement la mesure sur le sable du rivage.

Des cloches sonnent, toutes proches, mais déjà tu te lèves pour fermer la fenêtre !


mardi 2 septembre 2014

"L'école, c'est dur !" et la mère de répondre : "Mais non, c'est la vie qui est dure, pas l'école !" Le petit garçon à ses côtés est tout sombre. Il n'est pas convaincu du tout !

Et tu poursuis ton chemin avec ce regard sombre et fermé d'un enfant ! "L'école, c'est dur !"

La vie, elle, traverse les murs, les portes, les préaux, les tableaux ! La vie, ce n'est pas la règle ni l'angle droit ! La vie ce n'est pas une consigne, ni un objectif, un cahier avec des marges, une majuscule à la fin des mots au pluriel !

La vie...peut-être le sourire d'une mère qui n'enténèbre rien, une porte qui s'ouvre à l'envers, un ruisseau qui chante pour l'oreille prête à l'écouter....et ta main lointaine que personne n'arrive à rejoindre...et ton sourire au milieu des pierres qui ne pèsent plus rien !


lundi 1 septembre 2014

En voiture, tu roules dans les rues de la ville. Des acacias déjà se couvrent d'or. Visages tristes, fermés, résignés sur le trottoir ! Une vieille femme marche à petits pas. Elle porte avec douceur le poids de ses années. Deux enfants entourent leur mère en robe indienne. Ils ont déjà cartables sur le dos. Ils sautent, ils dansent l'air réjoui ! Un monsieur tout maigre, les bras ballants, le regard fixe marche comme un automate.
                               Odeurs d'automne précoce ! Douceur de l'air ! Chacun poursuit son rêve, son drame, son aventure. Tu ne sais pas trop à ton volant vers où tu roules ! La ville bruisse de rumeurs, d'histoires qui se déroulent. Aucune n'est la tienne ! Toutes s'entrecroisent, se nouent et se dénouent. Mais plus loin, il y a un point où tout est calme, où règne le silence. C'est par là que passera ce que tu ignores encore !
                               Quelque chose se dilate, s'agrandit. C'est comme quand on se perd dans les bras de quelqu'un qu'on aime ! Où es-tu vraiment ? Où es-tu vraiment ?