samedi 30 août 2014

Ce pourrait être ce calme, le goût du café ou de la poire qui fond dans la bouche ! Ce pourrait être un livre de Jack London, "John Barleycorn", son autobiographie d'alcoolique ! Ce pourrait être les kiwis du jardin, et l'herbe à curry qui grandit, grandit ! Ce pourrait être un enfant qui sanglote, consolé par sa mère, ou le vendeur de brocante, qui rayonne de sa nouvelle dignité dans une chemise mauve éclatante, tous ces moments tranquilles, ces objets qui sourient, le sommet des grands frênes qui se balance à nouveau !

Et toi, tu te retires doucement. Tu ne retiens rien ! Tu accompagnes la lenteur, une certaine langueur, ou l'agitation qui tourne parfois à la frénésie ! Tu les accompagnes comme on ramène un ami à la porte. "Au revoir ! Reviens me voir quand tu veux , j'ai été heureux !" Et l'ami s'en va. Tu le vois descendre la rue, se retourner pour te faire un dernier signe de la main ! La porte se referme. La voix de ton ami résonne encore un peu. 

Tu retournes seul à ta vigie, veillant sur rien, ou attentif seulement à ta fenêtre qui est comme la proue d'un navire voguant au milieu des vagues, des nuages qui sont là en voyage, et personne ne sait vraiment pourquoi !

Ce pourrait être un manège rempli d'enfants et de cris qui tourne et tourne, et tous les parents, les bras croisés, qui ne tournent pas, échoués là, attendant avec une légère angoisse la fin du tour, et peut-être une colère, un caprice à la clef !
Ce pourrait être deux sœurs heureuses de se retrouver et qui se parlent ! Leurs rires légers soutiennent les ailes des oiseaux de passage !
Ce pourrait être la dernière rose trémière du jardin sur sa hampe de graines, qui se penche, comme si elle voulait mourir dans un lit d'herbes !
Ce pourrait être un homme qui comprend ce qu'il n'avait jamais vraiment compris et qui pense qu'il lui reste tout de même un peu de temps pour encore mieux comprendre !

Et toi, tu t'éloignes, tu ne sais pas où tu te tiens, peut-être un peu plus loin, jamais indifférent ! Tu vois ton navire et sa fenêtre-proue qui monte et descend sur les vagues. Tu lui fais confiance ! Est-ce que tu fais bien ?
La mer est tempétueuse. Aucune terre à l'horizon ! C'est mieux ainsi ! Les âmes vagabondes trouvent leur terre quand tout est fini, et pour toi le voyage commence à peine !

Tu es descendu de ton nuage. Tu n'accompagnes plus le marchand de sable. Tu es colporteur de rien. Tu aimerais que les grandes ombres ne rongent plus trop les visages, qu'il y ait une rivière à chaque coin de rue, et au pied des saules, allongés, des promeneurs qui rêvent leur monde, le voient plus large, un monde où chacun respire toute sa part d'air !



jeudi 28 août 2014

Tu revois ce chien blanc à la fenêtre, qui ne répond même plus à ton aboiement. Habitude ! Une journée entre les mains, un peu de sable, un peu d'eau et ta vie s'est raccourcie !

Quelle étoile pointer ?

Service propreté ; les employés ont le regard délavé par les gestes répétés et le lever à l'aube. Et toi, le jour se répète. Aucun joyau dans ce désastre banal !

Un nuage, peut-être ? Ou la chaleur sur tes épaules : trottoir ensoleillé ! Ou cette musique qui donne un peu de profondeur à la colline qui ne bouge jamais, un peu de vie à ton regard qui voit sans sourciller une averse se préparer !

mercredi 27 août 2014

Dénuement. Des lueurs blanches à l'horizon transforment le hêtre pourpre en boule d'ombre !
Il t'est nécessaire d'être nu devant ce pan de réel qu'encadre une fenêtre. Rien d'autre et cela dure !

La colline s'essouffle ! Tu écartes les tentures une à une. Voici ton lieu aride, rêche comme du granit !
Tu danses avec le vide, épouse le manque, comme un papillon, au sortir du cocon, défroisse ses ailes !

Le cri du silence vibre en toi, ne s'attarde pas aux effrois de la nuit !

Qui peut dormir avec cette lame qui entaille et creuse une chair toute intérieure ?


mardi 26 août 2014

Les gouttes de pluie, qu'effacent-elles ? Et que restera-t-il après l'averse ?
Une mare de feuilles brunes est immobile au pied du marronnier. Que de larmes avant l'heure!

Tu ne bouges plus, toi aussi, dans une maison déserte. C'est comme si tu entendais toutes les années descendre quatre à quatre l'escalier de bois qui craque !

Soupir ! Le ciel ne se déchirera pas. L'oiseau qui disparaît a eu le temps d'emporter dans son bec un brin de lumière !

Sur le trottoir luisant, un écureuil jette le dernier feu de sa queue en panache. Une voiture, de plein fouet, a brisé l'éclair roux !

Fragilité comme un appel ! Tu ne fermes pas les yeux ! Tu les ouvres encore plus grands sans peur d'avoir mal, pour continuer à chanter....malgré tout !


lundi 25 août 2014

Fleur de pavot qui tient à peine au vent, tu n'es plus qu'une étoile figée qui protège tes graines !

Et toi, tu sentiras le vent, tu sentiras tes os qui ont peur des brusqueries de la lumière !

Tu liras dans les coeurs sans l'avoir cherché, fera un pas en arrière pour ne rien troubler !

Ton visage restera impénétrable. Aucune étoile n'y brillera malgré la couvée du feu !

A chacun des battements de ton coeur, arbres et nuages rentreront en amitié !

Tu redresseras ton dos, comme d'autres lèvent leurs voiles !

Tu seras prêt à écrire ce qui déjà s'éloigne !


Accroché à ce rien de lumière, tu te tiendras à l'orée. Saveur de la pierre qui ramène au jour !

Dépossédé de ton lit d'ombres, tu as jeté la clef. La porte fermée sur le silence plus jamais ne s'ouvrira.

Chaque mot qu'abandonne ton cri est un pas vierge dans la neige de ton désir !

Chaque cri qui prend visage d'un poème te permet d'aller plus loin dans le désert de  ton amour !

Sois en sûr !


Ce qui t'habite vient de l'intérieur. Tu vois bien que cela est possible pour un arbre d'être un arbre dans toute son amplitude. Pourquoi pas toi ?

De quoi la vêts-tu cette conscience qui n'est pas si tienne que tu le crois ? 

Cette conscience suit , en cet instant, le mouvement du nuage qui effleure la colline. Il habite en toi ce nuage. Il t'impose sans violence son calme. T'acharneras-tu à le froisser, à déchirer cette étoupe de brumes ?

Oui, tu es libre de ta paix, ou de ta violence, de faire tien ton tourment ou ta délivrance. L'eau change-t-elle quand un caillou vient troubler son sommeil ? Se transforme-t-elle en glace ? Tu peux suivre brièvement le voyage des cercles qui se forment, puis finissent par disparaître. Y-a-t-il une seule bonne raison d'ajouter de la souffrance à ta vie? Tout t'est déjà donné. Qui laisseras-tu entrer dans ta maison qui respire au sommet ?

Des ombres étranges se brisent aux fenêtres !

Tu ne sais pas assez que tu es un cygne et que tu dois avancer en cette solitude avec la crainte de profaner cette terre nouvelle qui s'offre.

Tout est juste maintenant, avec la rose blanche, sans un pétale de trop, avec ta conscience apaisée qui rejoint l'eau qui dort !

Ce qui t'habite ne se tient pas au fond d'une armoire, derrière la porte d'un cagibi. Ce qui t'habite communique d'étoile à univers, d'arbres à nuages, de feu à regard, de mots à caresses,

de parole à secret à peine dévoilé !




samedi 23 août 2014

Deux ou trois mots réunis pour être avec la fleur qui s'offre, proche de sa fin, deux ou trois mots comme des grains de pollen, laissent à peine une trace. Tu descends le court chemin qui mène à un  batîment gris où dorment des livres que personne ne réveille. Et là, une trouée de lumière bleue argentée t'indique un passage dans toute cette noirceur !
Tu respires un peu plus. Tu veux continuer à voir. A l'arrêt de bus, tu parles un peu des horaires avec un homme, casquette vissée sur la tête. Il s'empresse de retourner à son téléphone, comme une bouée de sauvetage, pour échapper à l'inconnu que je suis !
Blessés, tous ! Inimaginablement blessés ! Resteras-tu dans ce cercle de sang ? Se décider à être ce que tu es : inimaginable miracle !
Le chien blanc de la maison du coin a le regard triste. Il s'allonge dans sa courette-prison parmi ses excréments, agite avec peine sa queue, accourt sans conviction à ton passage. La vie passe par d'autres vies. Ici, tout est figé, le chien a les yeux éteints !
Parfois tu esquisses un pas de danse au nez de ceux qui croient, durs comme fer à la mort !
On t'a tant de fois répété "Tiens-toi à carreau!" Le carreau se brise. Quelque chose tressaille, passe à travers la fente. Tu es léger, tu peux être léger, faire un pied-de-nez sans te retourner !
Tu t'échappes ! On ne te rattrapera plus. L'étoile s'est arrêtée juste au dessus de ta tête. Tu es léger comme la plume de duvet qui vient de passer devant ta fenêtre !
Deux ou trois mots réunis forment une plume qui va rejoindre ceux qui gardent le coeur ouvert !


vendredi 15 août 2014

Tu l'accompagnes plus loin.

La joubarde a toutes ses étoiles près d'elle.
Aucune ne s'échappe
avec le premier flocon de neige.

Tu lui montres
le passage de schiste noir
où les nuages ne s'accrochent à rien.

Tu as rendu les armes,
devant l'aurore qui veut 
prendre toute sa place.

La chevelure blanche de la cascade
est une caresse pour ce qui doit mourir.

Tu ne sais pas
comment tu te tiens
sur cette crête
qui est le seul fil
où peut passer ta vie.

Le mont de granit et de ravines
surgit fantomatique
dans son écharpes de brumes
où disparaissent les choucas.

Où que tu tournes le regard,
il est là, dans sa présence définitive,
posé, ancré, arrimé,
prêt aux épousailles.

Il n'y a plus de direction.
Il n'y a plus d'histoire.

Il n'y a plus que ton regard
qui se délivre,

apprend à lire le silence brisé
par la pierre qui glisse
sous le sabot du chamois
qui ne veut voir personne,

déchiffre l'énigme des runes
sur l'écorce des bouleaux,

loin du langage de l'homme,
écume qui disparait
au bord du torrent.

le réel ne pèse que tourné vers toi-même.

Un lit d'or
d'herbes sauvages
t'invite à un autre sommeil,
comme si tu pouvais
te regarder dormir,

écouter ton souffle
qui chante avec les trembles
dans la brise née du soir,

juste au moment
où tu t'accordes un répit,

à l'instant précis
où la lumière n'est plus
tout à fait celle du soleil,

lorsque la montagne
devient une ombre,

s'approche pour t'étreindre à peine,

te chuchote la seule chose
qui vaille la peine !