vendredi 30 janvier 2015

Pour ceux et celles qui partagent mon quotidien
car on ne marche jamais seul !...
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Une colombe posée sur la branche du cerisier
prend son temps.
Un regard à gauche,
un regard à droite,
puis elle disparaît.
L'arbre n'a rien gardé de son passage.
le noisetier bouge imperceptiblement,
comme si lui se souvenait de son envol.

De ta fenêtre tu regardes les arbres nus.
Quelle absence défient-ils ainsi ?
Et ces nuages, sont-ce les mêmes
que l'année dernière qui défilent dans ce ciel d'hiver ?
Est-ce bien toi qui écrit encore ?
Quelle question pourra ouvrir un chemin
dans cet après-midi morne ?
Tu vois du gris partout, mais n'y-a-t-il pas
du bleu qui palpite, comme une simple voix humaine
suffit parfoit à sentir une chaleur au fond de soi ?

Ce serait trop facile de fermer la seule fenêtre
où se reflètent des lueurs qu'un désir invincible attise.
Cette lumière n'est peut-être que ton attitude.
Peut-être n'est-elle pas autre chose
qu'un visage qui veut voir et qui pour cela
garde les yeux ouverts dans l'obscurité qui le cerne ?

C'est comme si tu prenais soin d'un oisillon tombé du nid.
A qui s'adressent ces mots sinon à celui ou celle
qui cherche à être vraiment ?
Et si finalement tout commençait
par un non décisif à la prison
où l'on se complait dans ses chaînes ?

Non, tu ne reviendras pas en arrière
même si devant toi aucun horizon n'apparaît.
Aucun lien ne pourra mantenant te retenir.
Tu écris tes mots comme on s'enfonce
dans un sous-bois de ronces
et de branchages inextricables.
Dans ta main, il n'y a pas un stylo, mais une mâchette.
Tu ne peux pas faire autrement dans ce labyrinthe.
Tu te frayes des accès là où il n'ya pas d'issue,
et tu continues même si tout se referme.
Tu franchis des murs qui vacillent d'un coup d'épaule.
Tu pousses des portes qui s'ouvrent
toutes seules comme par miracle.
Tu lèves le camp quand les clairières s'assombrissent
et si tu perds une étoile, tu en retrouves une autre
juste au moment où la nuit se glissait sous ton manteau.
Tu recroises parfois tes traces et tu désespères de tourner en rond
jusqu'au moment où un oiseau apparaît
et te guide plus loin là où toute empreinte s'est effacée.
Tu ne vois rien, mais tu vois bien que tu marches,
même si parfois tu rampes et te traînes.

Non ! accroche-toi !

Souviens-toi, tu n'es pas une larve.
Tu ne sais pas qui tu es,
mais tu n'es pas cela !
Tu es en marche.
Tu es celui qui marche,
qui aiguise son cri dans la forêt muette.
Tu es la dernière braise qu'emporte un vent inconnu
et qui ne doit pas s'éteindre.
Tu ne veux pas dire oui à la mort
qui sait si bien se farder.
Tu ne veux pas être mené à l'abattoir des jours sans âme !
Tu résistes !

 

lundi 26 janvier 2015

Que dit un sourire lorsqu'il est sans défense ?
Il s'avance. C'est un vol d'oiseau, une fenêtre qui s'ouvre dans la pénombre, un espace par delà la noirceur, la rage qui n'a pas trouvé de chemin.
Sourire, tout lâche.
Tu peux sourire avec tes larmes
tu peux sourire avec ton rire.
le coeur ne s'effondre jamais
et un sourire forçé est démasqué
pris à son propre piège
dans un visage de cire.
C'est comme cela.
Laisse être ce qui doit être.
Tu as été sans défense, tremblant
à la moindre chiquenaude.
Tu t'es même noyé
pour surgir au grand jour
tout rouge et fripé.
Alors dis-toi bien
que ta maison est en carton.
Ton coffre-fort en gruyère.
Tes alarmes hérissent tes nerfs.
Tes assurances sentent le beurre rance.
Tu seras escroqué
pillé, vandalisé, brisé, abusé
et à la fin croqué
comme les autres.
Sans pluie pas de germination.
Sans sourire, la gangue se resserre.
Ton corset de haine t'oppresse.
Un sourire va plus loin, beaucoup plus loin !
Tu te souris et le monde te sourit
inexplicablement.
Tu vois les mailles se défaire
Ta peau en attrappe des lueurs.
Tes yeux esquissent une lumière.
Tes mains dessinent ton retour.
Tu souris et tu t'en fous des raisons.
Il n'y a pas de raison de sourire
ni d'ordre possible !
Ton coeur est une porte battante
et tu danses avec qui veut !

samedi 24 janvier 2015

Neige, qu'efface-t-elle ? la honte d'être un homme aux empreintes de plomb et de sang ?
la neige se contente de tomber en silence, immense caresse blanche qui gomme un peu les lignes droites et les angles noirs des maisons fumantes.
Tu n'a des yeux que pour elle, comme si elle tombait en ton ciel. Elle recouvre un secret qui échapppe au langage. La neige est une compagne de la peine inguérissable, celle qu'on ne peut comprendre.
Neige presque immobile, qui voyage parfois à l'horizontal, tomberas-tu un jour jusqu'à ensevelir la ville frileuse qui refuse ta blancheur ? Mais est-il possible d'être vierge et d'ouvrir la porte d'un jour blanc qui ne sent pas l'usure ?
Tu aimerais danser comme ses flocons. Mais rien ne vient, aucune ivresse, aucune folie. La colline se fige peu à peu. Tu écartes en pensée les flocons avec les mains. Tu voudrais voir derrière. Tu voudrais voir plus loin. Les rêves sont comme eux. Ils fondent si vite au soleil !
Le cerisier en contre-bas dans sa parure blanche est encore plus silencieux. Il n'y a plus de paroles. Celles qui restent soulignent encore plus le vide de l'homme. Il n'y a plus que la neige qui parle de mémoire. Les cris reviennent avec elle, les cris qui supplient de recommencer. Chaque flocon est un rêve. Chaque flocon est une graine. Quelle terre trouvera-t-il ? Il n'y a pas d'autre issue pour honorer ceux qui ont disparu sans voir l'arc-en-ciel. Le mot que tu écris est un flocon qui peut disparaître, un flocon qui ne sert à rien mais qui est un appel.
Tu restes à la fenêtre. La neige redouble d'intensité, mais tu ne vois plus rien. Le blanc se mélange au ciel. C'est maintenant que tout disparaît. Tu tombes dans les bras de l'hiver. Tu veux qu'il t'emmène au pied du grand hêtre blanchi pour te blottir contre ses racines et que ton coeur s'enneige. Comme cela, il n'y aura plus de pensées. Seulement une sorte d'attente...et la neige seule, la neige seule...

jeudi 22 janvier 2015

Ce froid blanc-gris qu'accompagne un vent aigrelet
te tombe sur les épaules.
Glacé jusqu'aux os,...

jusqu'à la moelle,
tu avances dans la nuit qui fronce ses yeux sans étoiles.
Une lampe t'attend, une lampe qu'on pourrait ne pas voir,
discrète, tenace, une lampe qui a connaissance
de ton visage sans pardessus,
une lampe où tu es reconnu
avec cette douceur qui enlève
jusqu'à la peur primordiale.

Et toi, tu vois ta vieille peau
comme un esquif d'enfant,
une coque de noix à l'abandon
sur un ruisseau et qui ne t'appartient plus.

Nu sous cette lumière,
tu es bien en ce havre
loin des mâchoires de l'hiver !


 

lundi 19 janvier 2015

Le chien blanc n'a que son souffle pour se réchauffer. Il ne regarde plus le passant. Il attend une main qui le délivrera de sa chaîne. 
Tu passes, transi, devant son regard éteint. "Animal, on est mal" et humain ?
On s'invente bien des histoires à rêver debout, mais au bout du compte, qu'est-ce que l'on trouve ? Rien ? Plus que rien ? Ou même pire encore ? Tu ne sais plus très bien. Tu tiens, tu attends. D'où vient cette force ? Cela va se résoudre. Cela va arriver. Cela arrivera, tu verras. Cela sera bien, enfin. Tu en es certain. Il ne restera bientôt plus qu'un grand éclat de rire qui fait frissonner les étoiles !

samedi 17 janvier 2015

Le plus simple,
là où la voix s'est tue,
un ciel dégagé,
fumées qui disparaissent aussitôt,
ton paysage sagement
s'écoule en toi,
vanité,
derrière la ligne des nuages,
une promesse,
aucune parole,
aucune écriture,
tu es là
muette question,
dans cet enclos,
là complétement,
dehors,foule affairée,
vêtements de deuil,
l'avidité,
de la solitude,
aucune danse,
dedans, un espace blanc
où des mots se posent
comme des oiseaux,
tu te nourris
de ce qu'aucune main
n'a traçé,
le silence blanc
où parfois la paix s'invite,
tu ne demandes rien
parce que tu ne comprends rien,
la grêle fait son oeuvre,
elle laisse le seul désir,
celui où l'on chemine,
ayant passé une porte
sans savoir comment,
tu joue le jeu mais à distance,
le sourire protège aussi,
tu commences à sortir du cercle,
poids du papier,
poids des mots,
tout est englouti,
même un nom gravé sur une pierre,
reste l'enfant
avant qu'on le tourmente,
les merles qui prennent
un rayon de soleil pour le printemps,
et la douceur d'une femme qui persiste
malgré le mépris !


jeudi 15 janvier 2015

Lassitude,
d'où viendra le ...rien ?
le rideau de velours s'ouvre sur une scène encore vide....

Un courant d'air frais,
une odeur de nuit d'été,
voilà le décor !
On entend des gouttes de pluie un peu lointaines.
Sur un lit, un homme ne dort pas.
On voit ses yeux briller.
Il passe la main dans ses cheveux, plusieurs fois.
On croirait voir les rayons de la lune
éclairer son visage.
Mais non, c'est seulement sa pâleur.
Tout son corps dénudé est très pâle.
la mélopée de la pluie n'en finit pas,
comme s'il n'y avait plus rien
que cette attente épuisante
et ces gouttes comme un abîme.
L'homme ne bouge plus du tout.
On ne voit pas sa poitrine se soulever.

Y-a-t-il encore des spectateurs dans la salle ?

 

mardi 13 janvier 2015

Le jeu en vaut la chandelle,
la flamme vacille,
la lumière étincelle
et révèle la peau étrange
des murs à franchir.
Joue, déplace, disparaît,
devient géant ou minuscule,
tu es libre.
Ce qui pèse sur toi,
regarde le de ta ligne d'horizon,
funambule,
avec le tranchant de ton cri
coupe les chaînes qui se forgent
dans l'aveuglement,
qui en veulent à ta vie
et à ton désir !


lundi 12 janvier 2015

Coule sur la blessure,
coule sur les clefs et les serrures,
fleuve sans âge !
Tout commence enfin peut-être.

Et toi le passant que la foule ignore,
tu as froid. Tu trembles.
Approche-toi. Tout est ouvert.
Tu trouveras une autre langue encore inconnue
que parle pourtant le ciel bleu pâle,
ou les regards qui devinent des secrets
au delà des apparences.
Plus de moi qui coasse !
Il s'agit de vivre,
sans attirail, ni cotte de mailles,
loin des rhéteurs
et des idées idéales,

vivre comme une passerelle
au dessus du vide
où moisissent
les belles paroles !



samedi 10 janvier 2015

Meutres,
pans entiers de tendresse dans le néant,
là où il n'y a rien,
pas un mot, pas une caresse,
meurtres, pourquoi
des yeux vides tuent
pour qu'il n'y ait plus rien,
rien, le sang, la mort,
inexorable désert,
tous poussés dans le gouffre,
on ne parle plus,
on n'écrit plus,
on ne dessine plus,
on ne rit plus.
les visages gris sont privés de tout espace.
La moindre lumière est sous le boisseau.
le mensonge d'une parole aux ordres
coupe les herbes rebelles
sous les pieds bottés !
Le simple étonnement d'être là
n'est plus de mise.
On assène les réponses,
alors qu'ici est
la question
qui se renouvelle, a soif,
désire, crie se méfie de toute prison.
Conscience,
tu as du feu, s'il te plait ?
Allume la vie,
pas la mort !
Tu es un aveugle, tu es nu, pitoyable.
Ta suffisance te mange l'âme.
Les oiseaux chantent pendant que tu pérores
sur ton socle de marbre qui déjà se fêle,
et qui te relèvera quand les vivants,
ceux qui ne s'en sortent pas tout seuls,
passeront à côté de toi ?
Ce sang est en toi aussi.
Il rassemble, libère des frontières.
Un fleuve de mères en douleur s'écoule
au pied de ta fenêtre.
Ces mères renouvellent
avec la terre le vœu
de mettre au monde pour la vie.
Verras-tu neuf ?
Verras-tu, lavé de cette poisse
qui traîne aux abords
des zones et des hangars,
la porte qui s'ouvre avec un rire ou une étreinte
et qui permet de sortir de ce cauchemar ?
"Qu'est-ce qu'elle a donc ma petite chanson
pour qu'elle ne te plaise plus ?"
Qu'es-ce qu'elle a donc
pour que l'hydre à sept têtes
s'en découvre mille nouvelles ?
Comment comprendre la haine visqueuse
qui se répand comme du fuel sur une plage ?
Tu vois, ici
il n'y a pas de réponses,
et parmi les questions
l'herbe sauvage et le corbeau méprisé
répondent avec un autre langage.

lundi 5 janvier 2015

En plein coeur,
une flèche de brouillard est venue !
tu ne vois plus que des ombres,
ton visage s'ouvre peu à peu
mais vers où ?
les arbres sortent à peine de leur rêve.
tu ne peux sortir du tien,
comme s'il se prolongeait
indéfiniment jusqu'à ce qu'un jour,
l'on puisse vraiment lire
ce qu'il y a derrière le brouillard
qui n'en finit pas !


samedi 3 janvier 2015

Une voix singulière est là malgré ce jour
ensommeillé de nuit,
une présence
comme un doigt
qui effleure une pierre...

Des grains de lumière
se déposent partout
sur le réel.

Le chien blanc à la maison du coin
vient chercher sa caresse
et ronronne comme un chat.
Aucune ruse dans son regard !

Est-ce du courage d'aller plus loin,
d'accepter l'avenir
comme une brise,
une surprise,
un éternuement,

de suivre à la trace
le printemps
en plein hiver ?

La ville revêt son manteau cafardeux
de murs luisants d'ombres,
d'arbres trempées de ténèbres.
Des histoires sont partout,
pendent aux fenêtres,
se rassemblent sous les lampes
à l'abri du déluge.

Et pourtant, au pied d'un sapin
bien trop seul en bord de rue,
il y a un brin d'herbe, tout droit,
vert et vibrant au moindre souffle !

Voir cela, et se taire,
ouvrir grand les yeux devant ce petit brin d'herbe de rien du tout,
rare, unique parmi les épines,
un brin qui n'a pas de prix,
que rien n'ensevelira,

voir à s'en faire mal aux yeux
pour être à son tour
simple comme lui, même assis sur une chaise,
devant une fenêtre qui s'obscurcit,

et se sentir ployer au moindre souffle,
être vibrant de vie,
c'est tout !



jeudi 1 janvier 2015

Le gris partout déborde, t'inonde !
Brouillard qui stagne,
milliers de gouttelettes qui approchent,
c'est l'ensevelissement !

Et dans la pièce, tu tournes en rond, en large et en travers,
essayant de t'accrocher
à un visage sur un mur,
un livre ouvert !

Mais la pierre sans couleurs pèse.
Les écrits s'écoulent, traversent
les étagères de la bibliothèque !

Tu suintes toi aussi de partout !

C'est une colère qui ne veut pas dire son nom,
une colère bien trop sage,
de celle qui conduit à la perte !

Même par la fenêtre
les arbres sont assourdissants de silence !