samedi 28 septembre 2013

Dans le bus hier soir, tu vois monter un jeune couple, sac à dos et barda de camping, chapeaux sur la tête avec plumes, vêtements mode hippie. Ils ne parlent pas français. Ils posent leurs sacs tout prêt de toi. La fille a l'air fatiguée. Le garçon en ajustant son chapeau fait tomber par  terre une cigarette roulée façon joint, et avec un geste de défi la colle à ses lèvres. Des flammes dans leur regard ! Ils partent, ils avancent..même si ils ne savent sans doute pas trop où ils vont. Le garçon a collé une vieille carte pokemon sur son chapeau, comme un vestige de l'enfance. Il croise ton regard. Suffisant pour y voir un étincelant désir de vivre, d'échapper à ce monde qui voudrait que tout soit traçé d'avance. Pas de mépris, juste cet espace, cet quête d'un lieu où il ferait bon vivre, respirer. Et puis soudain, il sort de la poche de son pantalon indien, un iphone dernier cri et consulte son gps. Contraste saisissant entre cette recherche d'authenticité et la modernité technique. Non, ce ne sont pas des vagabonds, malgré leur apparence, qui font la route, vivant de rien et de rencontre, juste deux jeunes un peu perdus, un peu coincés entre le vide qu'on leur propose et ses objets de consommation et leur soif de vérité et d'accomplissement !


jeudi 26 septembre 2013

Tu as été frappé ce matin par Bernard Werber un romancier qui disait  qu'il avait  accroché cette phrase chez lui : "Entre ce que je pense, ce que je veux dire, ce que je crois dire, ce que je dis, ce que vous voulez entendre, ce que vous entendez, ce que vous croyez en comprendre, ce que vous voulez comprendre, et ce que vous comprenez, il y a au moins neuf possibilités de ne pas se comprendre."
Difficile de communiquer ! Et puis tu as pensé que si c'était si difficile, c'était sans doute parce que nous étions trop rivés sur nous-même, et qu'aller vers l'autre sans se perdre demande de bien se connaître ! Et puis , il y a sans doute aussi une forme d'abandon et d'attention profonde à ce qui est ! Un gout de plus en plus fort pour le réel, une confiance qu'il est tout de même possible de se rencontrer et de s'aimer ! Te vient à l'esprit cette spontanéité de l'enfant et sa confiance incroyable ! Encore dimanche, tu as pu le constater, en faisant le jeu de l'avion où l'on prend l'enfant par les mains et où on le fait tournoyer. Il parait qu'à un certain âge, les enfants refusent ce jeu. Ils doutent et ont peur que l'adulte les lâche ! Peut-être qu'avant de chercher une meilleure communication devrions-nous quitter peu à peu nos armures ?


mercredi 25 septembre 2013

Vu de la fenêtre de ton bus : un sdf accroupi sur le sol avec à son côté un chien, le visage triste, terne ! Soudain une lumière l'éclaire. Ce n'est plus le même homme ! Connaissance. Reconnaissance. Une femme s'approche de lui, avec trois cartons à la main. Il se lève pour l'embrasser. Le chien se met à sauter sur la femme, si fort que l'homme a du mal à retenir son animal ! Ils se connaissent ! Il a été reconnu. Il parle avec quelqu'un. Il n'est plus une chose inerte qui mendie. Il est un être humain. Il partage enfin. Et pendant ce temps, la foule continue, tous ces gens avec leurs paquets à la main qui ignorent qu'un homme a retrouvé la lumière par la rencontre d'un autre visage !


lundi 23 septembre 2013

Simplicité du jour, simplicité de la lumière ! Tu avances doucement ! Un simple sourire suffit ! Tu n'as peut-être rien à écrire aujourd'hui ! Tu n'as guère rencontré de nouveau visages, mais chacun était sensible, chacun avait son histoire, des souffrances dont on ne peut parler, ou un bonheur que l'on aimerait partager, mais que l'on garde par timidité ! Il y a tant de continents inconnus en chacun ! Prendrons-nous le temps ? Et toi, où en es-tu de ton histoire ? On peut exister sans vivre, sans avoir le goût de vivre ! Exister, mais tout s'éteint peu à peu, alors que les arbres s'enflamment ! Quelque chose en toi veut se dire, mais les mots s'envolent, trop fragiles ! Alors tu gardes ce sourire près de toi, comme on contemple un enfant qui s'endort ! Il t'a fait du bien ! Quelque chose en toi veut vivre , mais tu ne vois pas encore comment cela se fera ! Quelque chose de grand, quelque chose de bon, quelque chose de fort !


jeudi 19 septembre 2013

Ce matin, tu descends de ta colline et le ciel t'attrapes, tu ne sais pas pourquoi !  Vastitude seulement ! Comme si tout se mettait à respirer, et toi tu étais au coeur de cette respiration ! Oui, la vie est vaste, la vie est large ! En arrivant au carrefour d'une rue passante, tu as regardé toutes ces personnes enfermées dans leur habitacle d'acier, et tu repensais au ciel, à la présence  et à la vérité éclatante de ces nuages du matin et tu as pensé que sans cesse nous nous rognons les ailes, que nous préférons nos enfermements à l'appel du ciel !


mercredi 18 septembre 2013

En descendant du bus, tu aperçois les premiers marrons dans leurs robes luisantes que le vent de la nuit dernière a fait tomber des arbres ! Il y aussi des bogues ouvertes et de larges feuilles brunies de marronniers. Un marron dans la main, tu prends du temps pour admirer la pureté de sa forme, sa couleur unie et sans tache avec l'espace plus claire en haut de sa tête, comme une calvitie. On est bien avec un marron dans la main ! C'est peut-être idiot, trop simple, mais sa forme ronde rassure. Et puis il y a sans doute le fait qu'il vient de naitre, comme un poussin sort de sa coquille. Sa bogue l'a protégé et il arrive sur terre dans sa beauté native ! Cela le rend un peu humain, ce marron ! Les petits d'hommes aussi sont protégés par le ventre de leur mère. Innocence absolue ! Après, c'est une autre histoire !

lundi 16 septembre 2013

Tu profites d'un rayon de soleil pour retourner à la maison. C'est la sortie des classes. Un père très grand donne la main à son enfant qui lui parle, qui lui parle, qui lui raconte en détail son après-midi ! Moment de connivence entre ce géant et ce petit lutin ! Et toi, tu penses à ton père, toujours absent, que tu entrevoyais parfois le soir, dans son bureau, noyé dans un nuage de fumée de pipe ! Quelques secondes à peine, un baiser sur une joue qui pique, un bon regard et tu regagnais ton lit-bateau et tes livres d'aventures ! C'était il y a longtemps maintenant ! Tout ce que tu espères, c'est d'avoir un peu brisé ce cercle parfois transmis de génération en génération, où la distance s'installe, où l'on ne sait pas trouver les mots , ni les gestes qui apaisent et rassurent !


dimanche 15 septembre 2013

Retour à la ville ! Tu gardes en mémoire ce pays de collines, de vergers, de prairies, de terres rouges fraîchement labourées ! Et parfois un village blotti contre l'épaule d'une forêt ! Malgré la pluie, la grisaille, et les jours déjà qui raccourcissent, tu l'aimes ton pays de mirabelles et de patelins perdus, un peu crottés et déserts ! Tu l' aimes comme on regarde un rayon de soleil qui perce le ciel implacable, tu l'aimes comme on aime vraiment, sans rien attendre en retour, heureux de sa paix, de ses forêts, de ses secrets ! Et tu t'endors avec lui près des maisons qui allument leurs yeux et ressemblent à des îles d'or sur la nuit océane !


samedi 14 septembre 2013

Entre deux averses, la colline s'ébroue. Tu regardes la lumière qui pointe à travers les chevauchées de nuages ! Les feuillages des arbres s'assombrissent. L'automne est proche ! Au grand jardin ce matin tu as ramassé une brouette de petites pommes déjà tombées des arbres, scié la grosse branche d'un tamaris qui s'était vrillée à cause de son poids. Des choses toutes simples ! Tu as goûté quelques grains de raisin. Il était encore aigrelet ! Quelques journées de soleil, en octobre peut-être, et il pourra être cueilli ! Tout vient en son temps, tranquillement ! Et ton jardin intérieur ? Garde-toi bien de t'acharner sur les mauvaises herbes. Un jour, elles trouveront leur place et elles deviendront belles ! Souviens toi des jardins trop propres, trop bien entretenues qui deviennent ennuyeux de netteté ! Aucune fantaisie ! En tuant les herbes folles, le jardinier a fait mourir aussi le mystère, le rêve ! Qui es-tu pour juger qu'une herbe est mauvaise ? Rassasie plutôt ta conscience de la générosité des dernières roses et des fleurs du buddleia, véritable feu d'artifice !


jeudi 12 septembre 2013

Une photo sur le trottoir ! Une simple photo un peu mouillé par la pluie ! Deux visages d'adolescents, les yeux écarquillés te fixent. Sans doute deux amoureux ! Tu as la surprise de la retrouver le lendemain, au même endroit. Elle n'a pas bougé ! Personne ne l'a ramassé, comme si ces deux regards étaient trop personnels, faisaient un peu peur ! Tu ne peux t'empêcher en t'éloignant de penser à eux ! La photo va disparaître, comme peut-être leur amour ! Tout disparait si vite ! Il suffira d'un pas maladroit pour pousser la photo au caniveau. Viendra l'averse et la photo sera avalée par la bouche d'égout ! Mais dans ces disparitions incessantes, dans ce mouvement qui jamais ne s'interrompt, il te semble que les visages de ceux qui t'entourent, tant que tu vis et malgré leurs absence pour certains, sont comme des îlots de paix, de tranquillité ! Sans cesse, ils peuvent te sourire, t'accueillir ! Oui, tout peut disparaître ! Mais entre les êtres, une présence ne disparait jamais. Tu en es persuadé. Et cette présence t'accompagne.

mardi 10 septembre 2013

Ce matin, tu marches dans la rue un peu enivré  par l'air frais. Soudain, une caresse, une douceur, une présence ! Tu lèves les yeux. Au deuxième étage d'une maison, une vieille femme a ouvert sa fenêtre en grand et se tient là debout et te sourie. Tu lui rends son sourire et tu poursuis ton chemin. Tu gardes longtemps en mémoire cette silhouette fragile, ce sourire paisible, ce visage usé, presque effacé mais sur lequel on ne lisait aucune tristesse. Ce matin, elle avait ouvert la fenêtre pour respirer, heureuse de vivre. Oui, c'est ce que tu lisais dans son sourire ! Aucune peur à l'approche de la mort !. On lisait en elle ce goût de vivre, malgré le poids des années, ce goût inextinguible ! Et derrière ces lunettes, son regard semblait dire : "Je suis déjà un peu au-delà, j'approche de la Grande Vie ! J'ai traversé bien des épreuves, mais je suis vivante et personne ne peut plus m'arracher à cette présence en moi, personne ne peut éteindre ce chant qui coule en moi et me soutient !



lundi 9 septembre 2013

Dans le jardin un peu à l'abandon les mirabelles et les quetsches tombent peu à peu sur de grands tissus de couleurs posés sur les orties. Tu regardes ces mirabelles oranges, presque rouges, comme si elles avaient été brûlées par le soleil, et les quetsches avec leurs robes encore enrobées d'une brume légèrement violette ! Aucun fruit ne se ressemble ! Il y en a de gros, bien charnus, d'autres un peu fripés, petits, presque malingres. On a l'impression que certains ont profité presque insolemment des caresses du soleil alors que d'autres ont reçu un coup de bec, ont été griffés par des branches agitées par le vent ! Fruits un petit peu à l'image des humains !
Déjà des guêpes rôdent autour de ceux qui pourrissent lentement !
Sous les herbes, d'autres échapperont aux mains avides d'une bonne récolte, mais très lentement seront dégustés par des limaces !
Les vieux arbres, eux, redressent peu à peu leurs branches, soulagés et vont pouvoir se préparer à la nudité de l'hiver !


dimanche 8 septembre 2013

Chaque matin tu recommences ! Ce n'est jamais la même aube qui apparaît à la fenêtre de l'escalier, jamais la même promenade au jardin quand les fleurs sortent de leur rêve et s'égouttent de l'averse de la nuit dans une fraîche lumière ! Tout est possible, tout est encore neuf ! Tu goûtes ton café pour la première fois, tu découvres son arôme ! Tu laves ton visage comme si tu venais de naître. Il te semble que l'eau a une vertu que tu ne lui as jamais connu ! Ton visage dans le miroir ne te retient plus ! Tu es déjà ailleurs, plus loin, toujours plus vivant ! Au coin de la rue le soleil te surprend ! Il t'inonde ! C'est comme si il soutenait chacun de tes pas ! Chaque matin, tout est à nouveau possible ! Tu peux te laisser gagner par cet élan, l'accompagner sans l'assombrir par tes plaintes ou ton regard qui se refuse à la nouveauté absolue d'être !
Chaque matin, tu peux te réveiller comme on sort d'un tombeau, avancer dans la nouveauté du jour qui s'offre à toi, même encore enveloppé de tes vieilles bandelettes moisies ! Tu peux encore te laisser fasciner par la merveille de vivre, au point d'oublier le marécage de tes habitudes vampires !




samedi 7 septembre 2013

A nouveau la maison silencieuse, à nouveau une bruine fine qui entoure la colline d'un halo de fraîcheur, à nouveau le temps d'être avec sa vie comme un promeneur s'arrête au bord d'un ruisseau et regarde les couleurs des cailloux sous l'eau vive qui chante ! Tu te tais intérieurement, tu attends ! Retrouver ce lieu le plus profond, ce calme qui n'est pas un désert, qui n'oppresse pas c'est ce que tu aimerais ! Tu vois autour de toi des êtres qui préparent le lieu de leur envol. Toi, tu cherches un courant plus fort qui t'arrache pour toujours aux nuits d'angoisse et d'amertume ! Tes ailes n'ont plus de force. Elles ne peuvent que s'ouvrir, guetter l'aube d'un souffle, aller comme cela de clairières soudaines en chutes violentes jusqu'au jour espéré où elles n'auront plus qu'à accepter de ne pas se refermer ! Elles auront trouvé le passage que n'indique aucune carte, là où seul un total abandon est requis !


jeudi 5 septembre 2013

Tu regardes ce chat blanc qui se prélasse au soleil, qui se retourne sur le dos et qui regarde le monde à l'envers, qui s'étire doucement !
Il est simplement, il profite de ce moment. Il ne se tourmente pas à l'approche de l'ombre qui bientôt va envahir la rue !
Tu comprends qu'on ne peut forcer personne à être autrement, et qu'il y a un temps pour chaque chose. Etre comme ce chat, connaitre le bon moment pour donner un conseil qui ne provoquera pas une révolte, mais qui trouvera une terre disposée à l'accueillir, ne rien brusquer, ne rien forcer ! Nous sommes tous des escargots dans nos coquilles !
Tu vois aussi que montrer à l'autre ses manques, ses insuffisances, c'est comme donner un coup sur les cornes de l'escargot ! Mais être avec lui, lui révéler sa beauté, toutes ces lumières qui brillent en lui, c'est déjà le préparer au changement sur ce qu'il refuse de voir !
Que de douceur ! Tu te sens parfois incapable d'aller jusque là ! Tu vas trop vite, tu perds la paix, et ta barque vient se heurter à celle de l'autre, et pourtant le courant du fleuve est si tranquille, si ample ! C'est un ruban d'or qui ondoie vers la mer !


mardi 3 septembre 2013

Pourquoi tant d'écoles sont-elles carrées, rectangulaires, grises, tristes, avec de longs couloirs et des cours sans fleurs et sans herbe ! C'est la rentrée ! Tu te souviens d'une maîtresse de cours préparatoire qui régnait sur sa classe avec sa règle de fer et ses punitions ! Tu aimes aussi cette photo de Doisneau, celle d'un élève sans doute exclu de la classe qui rêve sur un banc le visage tourné vers la lumière qui vient d'une fenêtre haute ! S'échapper ! S'enfuir loin de cette école où l'on partage du savoir,mais où l'on apprend rien de la vie ! Pourquoi faire tout d'un coup le lien avec toutes ces entrées des villes actuelles, si laides avec les inévitables rond-points et les centres commerciaux carrés, rectangulaires, souvent gris ou avec des couleurs criardes, sans arbres, sans fantaisie ! Et pourquoi pas ? Où l'imagination ? Où la poésie ? Où la beauté qui émeut et apaise ?


lundi 2 septembre 2013

Chaque fois que tu ouvres la porte-fenêtre, un rouge-queue s'enfuit à tire-d'aile du patio. Pourtant, entre les poutres, il n'y a pas de nid, aucune trace de brindilles, rien, même pas une crotte ! A-t-il une cachette secrète ? Mais si elle était si secrète pourquoi s'envolerait-il au moindre bruit ?
Les oiseaux craignent les chats, mais aussi les hommes !  Peut-être sentent-ils leur odeur ? Peut-être voient-ils leur âme ? tu as encore en mémoire cette conversation avec quelqu'un sur la guerre en Syrie, ce désir si fort ancré en l'homme d'avoir raison ! Pourquoi ? Surtout sur un tel sujet, lorsqu'on est à l'abri et que rien ne nous menace ! Lui s'est dit riche de son orgueil, toi de ta pauvreté...même prétention !... Ah cette légèreté du rouge-queue ! cette fugacité ! Comme tu te sens lourd, empêtré ! Lui se disait connaisseur de l'orient, toi connaisseur de son âme...même prétention ! Tu as oublié de lui dire : "Regardons ensemble ce monde avant qu'il ne disparaisse !, regardons-le avec cette incompréhensible paix !"