samedi 24 janvier 2015

Neige, qu'efface-t-elle ? la honte d'être un homme aux empreintes de plomb et de sang ?
la neige se contente de tomber en silence, immense caresse blanche qui gomme un peu les lignes droites et les angles noirs des maisons fumantes.
Tu n'a des yeux que pour elle, comme si elle tombait en ton ciel. Elle recouvre un secret qui échapppe au langage. La neige est une compagne de la peine inguérissable, celle qu'on ne peut comprendre.
Neige presque immobile, qui voyage parfois à l'horizontal, tomberas-tu un jour jusqu'à ensevelir la ville frileuse qui refuse ta blancheur ? Mais est-il possible d'être vierge et d'ouvrir la porte d'un jour blanc qui ne sent pas l'usure ?
Tu aimerais danser comme ses flocons. Mais rien ne vient, aucune ivresse, aucune folie. La colline se fige peu à peu. Tu écartes en pensée les flocons avec les mains. Tu voudrais voir derrière. Tu voudrais voir plus loin. Les rêves sont comme eux. Ils fondent si vite au soleil !
Le cerisier en contre-bas dans sa parure blanche est encore plus silencieux. Il n'y a plus de paroles. Celles qui restent soulignent encore plus le vide de l'homme. Il n'y a plus que la neige qui parle de mémoire. Les cris reviennent avec elle, les cris qui supplient de recommencer. Chaque flocon est un rêve. Chaque flocon est une graine. Quelle terre trouvera-t-il ? Il n'y a pas d'autre issue pour honorer ceux qui ont disparu sans voir l'arc-en-ciel. Le mot que tu écris est un flocon qui peut disparaître, un flocon qui ne sert à rien mais qui est un appel.
Tu restes à la fenêtre. La neige redouble d'intensité, mais tu ne vois plus rien. Le blanc se mélange au ciel. C'est maintenant que tout disparaît. Tu tombes dans les bras de l'hiver. Tu veux qu'il t'emmène au pied du grand hêtre blanchi pour te blottir contre ses racines et que ton coeur s'enneige. Comme cela, il n'y aura plus de pensées. Seulement une sorte d'attente...et la neige seule, la neige seule...

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