mardi 4 août 2015

Sous la pluie battante, les merles s'agitent entre les framboisiers.

les longs traits de la pluie donnent à boire à la terre.

Tout vient d'en haut. N'y aurait-il qu'à attendre ?

Idoles, images, fantômes ne valent pas
une goutte de pluie sur une terre crevassée !

Qu'écrire encore, si l'on ne peut se raconter des histoires ?

La pluie raye le paysage, mais rien ne bouge.

Qu'écrire encore vraiment ?

Un oiseau solitaire passe sans questions.

Quelques signes de tranquillité se posent sur le papier.

S'il n'y avait qu'à vivre ?

Mais le crayon suit aussi sa ligne de vie.
Il trace un sillon.
Les graines ne lui appartiennent pas.

On peut se nourrir de rien,
d'un ciel gris,
d'une lampe au coin d'un bureau,
et même d'une poussière.

Est-ce le rôle de ces fossiles,écorce, bout d'os, coquilles, lichens,
sur cette étagère, d'être des riens ?

Et les regards dans ce cadre de ceux qu'on a aimé
et qui ont disparu ?

Que fixent-ils ? Que veulent-ils dire à celui qui vit ?

Étrange que le regard des morts dit de vivre ?

La pluie s'est arrêtée brutalement. Pas un souffle de vent.

Prendre une respiration. Toutes les formes se dissolvent.
Derrière les arbres de la colline, des maisons se dissimulent.
Derrière les murs, des vies se protègent.
Derrière ces corps, le silence.

On ne s'inquiète pas d'un cœur qui bat.
On n'épie pas le moindre de ses battements.
Pourquoi d'ailleurs bat-il sans qu'on ne lui demande rien ?

On ne maîtrise rien. Luciole qui va t'éteindre avec le jour,
sais-tu pourquoi ?

Ecrire, cela sert à quoi ?

Peut-être quelques traces quand on est emporté trop loin,
quand tout vacille,
que l'on marche ivre entre les nébuleuses,
que l’on reste bouche bée quand il faudrait parler,

peut-être à continuer
ce qui ne se termine pas

éteindre la lampe
s'en aller.




Gravure Nicole Dureux

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