samedi 8 août 2015


Le sommeil vient avec cette légèreté de la graine
qui monte au moindre souffle.

Soudain, il n'y a plus conscience.

Les colombes disparaissent, les feuillages sont seuls.
Sans un regard, ils ne sont même pas un rêve.

La dormeuse respire sans le savoir.
Elle s'est glissé dans un lit
comme une main dans son gant.

La mort n'a jamais été aussi proche
et pourtant reste à distance
comme un ange au plafond
regarde un corps sans défense.

La dormeuse se réveille toujours
quand il est temps.
Elle rassemble son esprit
à travers les odeurs du pain,
le drap rêche, le petit miroir
qui reflète un bout du toit.

La dormeuse sent que ses ailes
repoussent pendant la nuit.
Elle s'envole un instant
lorsqu'elle ouvre ses persiennes.

Puis, comme les autres,
elle les cache sous sa veste grise.
Le trottoir vers l'école n'est pas un aérodrome.

Dormeuse, le sommeil est comme l'oubli.
Y-a-t-il encore la frénésie du jour
quand on ferme les yeux ?

Non, il n'y a plus rien.
Le marchand de sable ramasse le passé
réduit en poudre.

Le sommeil vient et défait les liens.
La veste tombe comme un épouvantail
qui ne sert plus à rien.

Ici, le seul rôle est
d'être.

C'est pourquoi le visage de la dormeuse
a une beauté qui se dérobe au temps.

Ce n'est pas un masque qui apparaît.
C'est une splendeur que l'on retrouve
sur un pétale de fleur,
une aile de papillon.

C'est un signe nu comme une onde
que rien ne brouille.

L'amour du sommeil s'apprend-il encore ?
La dormeuse n'a rien appris.
Elle a seulement vécu la douceur
de ceux que rien ne déchire.

Dormir, dormir, dormir comme elle.



Photo 1 : Tableau de Nicole Dureux
Photo 2 : le petit miroir avec le bout de toit
Photo 3 : Un pétale de pavot du jardin








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