jeudi 14 novembre 2013

Le paysage s'est effacé ! Vitres noires ! Dans la montée, tout à l'heure, tu t'es laissé surprendre par le grand sourire d'or de l'arbre qui vient presque caresser du bout de ses branches ta maison ! Tu gardes en mémoire cette étrange impression de  découvrir comme si c'était la première fois, qu'en ville, tout est bordé, délimité par des murs, du bitume, des bordures en granit, de tailles inégales d'ailleurs ! Il y a très peu d'espace libre, sauf le ciel que rien n'emprisonne ! Pendant que tu marchais, tu as senti aussi ta fragilité. Ce n''était pas de la fatigue, mais autre chose ! C'est comme si tu étais immobile, et que les rues se déplaçaient ! Tout cela peut s'arrêter si vite ! Tu marchais, mais est-ce si sûr ? En toi, il y avait seulement conscience de marcher, conscience qui avance, conscience qui admire les grains un peu brillants du granit des bordures du trottoir, conscience de respirer ! D'ailleurs tu savourais chacune de tes inspirations ! Oui, tu étais là, en retrait, mais qui était là ? Conscience seulement ! Très peu de pensées qui s'entremêlent ! Combien de fois as-tu marché ainsi sur ton trajet quotidien, prisonnier des mailles du passé, ne remarquant rien, comme ce petit bonhomme aperçu, hier, qui sac sur le dos, tentait désespérément de rentrer en contact avec son père qui le conduisait à l'école ! Ce dernier, très grand, marchait droit devant lui pendant que l'enfant sautillait à son côté, tentant de capter son regard, parlant sans arrêt ! La scène a duré quelques minutes. Le père est resté impassible. A aucun moment il ne s'est tourné vers lui, ne lui a pris la main, ne lui a parlé, comme s'il était emmuré vivant dans son rêve, ou ses pensées ! Et pendant ce temps l'enfant parlait, parlait, marchait même à l'envers pour avoir le visage tourné vers lui ! Ou était-il ce père ? Où étais tu ? Où es-tu ? Ne vois-tu pas que tu te perds tant de fois dans ce grand fatras de pensées, alors que plus profondément règne une paix inaltérable, ta conscience silencieuse, qui se retire peu à peu  du manège infernal !

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