samedi 3 octobre 2015

Sur la terre nue, je regarde les arbres
qui dansent.
les feuilles chantent sans reprendre
souffle.
Les feuilles sont le relais du vent
prêt à briser les murs.
Les barbelés grincent incapables
de chanter.


Je sais des coagulations, des trompe-l’œil
qui ne tromperont plus longtemps.
Je connais des veines
où coule le béton,
des bouteilles de bière
en forme de massue,
des crimes proprets
juste le temps de se frotter
les mains.

Mais la bénédiction est pareil au vent.
Rien n'arrête le gémissement
des gens qu se relèvent des enfers.
Le verre d'eau que l'on boit
en sortant de prison
irradie les entrailles
de clarté sereine.

J'ai vu cela à l'aube
quand la lumière pousse un cri.
Rien à défendre sur la terre nue.

J'ai des poumons nuages
qui sortent de leur cage.
J'ai le chant des feuillages
qui traversent les âges,
va rejoindre la blessure
d'où s'écoule enfin
l'oubli.

Rien à défendre.
Je n'ai pas de réputation
à tenir à bout de masque
en tremblant dans une maison de glace.
Kabir, le fou errant le chante :
"Celui qui croyait être au sec
sera emporté par les flots"

Sur la terre nue
j'ai assez du corbeau
qui croasse sa philosophie.

Tout m'inonde sans que je le demande.
Le "cousin", ce grand moustique
qui fait peur aux enfants,
cette lueur sur une fenêtre
apparue sans que l'on sache comment,
l'eau de la fontaine avec ses lunes d'argent,
sont des mondes à eux tout seuls.

Qui attaquerai-je puisqu'en chacun
il y a le souvenir ancien
de l'enfant à la recherche du sein .
Jusqu'où peut-on se leurrer soi-même
de se croire si important ?

Sur la terre nue,
le soleil me cloue
mais c'est de douceur !



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