dimanche 11 octobre 2015

Les aubes ne sont pas le fait du seul soleil.
J'émerge aussi du lit,
m'arrache des draps,
pose les pieds à terre bien à plat.

C'est l'aube humaine
dans une rosée de rêves.

Un coup d’œil par la fenêtre.
Attention au coup de soleil levant.
Lorsqu'il est absent,
il y a la plainte
de la corneille
qui annonce la pluie.

Un bol de thé ou de café.
C'est une autre lumière
qui descend aux entrailles.
Rien n'est jamais pareil
puisque je le pense.

Ouvrir la porte comme on ouvre l'horizon.
Reprendre le même chemin depuis des années,
c'est explorer un continent.

Une fleur de pissenlit à son aube à elle au bord du trottoir :
j'y jette un regard.

Le parc de Montbois désormais grillagé
est parsemé de clartés matinales.
Le cèdre devenu intouchable tend
ses bras d'écorce noire vers le ciel.
Le ginkgo agite mille petits soleils.
Et sur le mur, je croise un chat noir qui minaude
attendant une main de soleil.

Les aubes sont-elles perpétuelles ?

Arasé le vieux parking
n'est plus qu'une plaine de blocs épars,
mais à travers la barrière en métal
le soleil clignote avec la même force
qu'une sonnerie de réveil.

J'hume l'air comme on hume
un bon vin trop longtemps resté en bouteille.
Je vis, je respire à l'autre bout
d'un crépuscule qui ne concerne
que la poussière.

Il y a des bonjours qui résonnent
comme une sonnerie aux morts.
D'autres qui sont bons
comme du pain qui croustille.

Bonneaube, mon ami,
qu'elle ne finisse jamais !

Je crois bien n'avoir jamais admiré
la couleur de tes yeux,
la grâce de ta main 
qui gratte le papier.

L'aube est un visage qui sort
de la suie des jours endormis.

Je vois des étudiants courir
dans les allées du campus.
L'aube de la connaissance ne tarit jamais.
Chaque livre contient des lettres lumineuses
qui s'unissent entre elles pour former un feu.

On s'y réchauffe un peu.
On s'y fraye un passage
entre les murs de la cage.
La lumière à chaque page se renouvelle.
Je suis un simple passeur
d'une aube qui viendra.

Et quand le soir vient,
qu'il enflamme les érables
sur la colline encore verte,
je le confonds avec le matin ébloui.

La nuit peut venir.
Elle n'est rien qu'une paupière
qui se ferme sur une aube assoupie
dans un grand manteaux d'ombres !


3 commentaires:

  1. Merci pour cette agréable promenade à l'aube...Je suis revenue lire quelques uns de vos poèmes avec beaucoup de plaisir .Vos ressentis ressemblent aux miens.
    Bonne soirée

    RépondreSupprimer
  2. Mmh ! Magnifique ! Oui, les aubes sont perpétuelles pour qui sait y voir. ;-)

    RépondreSupprimer