samedi 19 septembre 2015

C'est ce matin.
Le vent d'ouest est calme.
Il pousse une multitude
de nuages apaisés. 

C'est ce matin
que je commence.

Il y a des commencements sans lendemain,
des commencements soufflets au fromage.
On voulait quelque chose.

Ce matin, je ne veux rien.
Je commence.

Je commence à voir des gouttes de pluie,
des perles d'argent sur les feuilles
du bouleau du jardin.
Ce sont les larmes d'avant l'automne.
Une mésange tête en bas
les recueille dans son bec.

Je commence à être chez moi.
La peur est l'étranger, ici.
C'est une folie de ne pas vouloir
habiter chez soi.

Je regarde les arbres du réservoir de Boudonville.
J'y vois quelques lueurs jaunes.
Ils sont chez eux, égaux à eux-mêmes.
Même pas peur de l'automne !

Je commence.
Je commence à me souvenir que je respire.
Cela fait du bien une bonne respiration.
Cela vaut un bol de café.

J'y ai pensé ces jours-ci
en remontant la rue
qui mène à la maison.
Je respirais de l'enfance
parmi quelques feuilles sèches
sur le trottoir, une odeur un peu âcre
mêlée d'humidité.

Je voyais le brouillard sur mes épaules,
cartable au dos et la joie de fumer
des cigarettes imaginaires de buée.

Oui, je commence
comme on écrit une lettre
que l'on veut absolument envoyer.

Malheur de ne plus naître.

J'ai saisi sur l'étagère une libellule,
presque intacte malgré sa fragilité.
Ce n'est plus qu'une forme de libellule.
Ces ailes ressemblent à des feuilles mortes
dont ils ne restent que des nervures.

Délicate libellule, où est ta vie ?

Je commence.
C'est comme si je disais,
je vis dans la forme de la libellule.
Et je croise d'autres libellules.
Nos ailes se frôlent.

On n'attrape pas une libellule,
seulement sa forme, parfois.

Ainsi est le rire des enfants
dans la cour de récréation
quand ils échappent au loup.

C'est ce matin la danse de la libellule
qui s'échappe toujours.

Je commence avec elle
entre pluie et soleil.


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