dimanche 1 juin 2014

Rien à dire, langage mort, tu deviens guetteur d'imperceptibles courants ! En quelques heures, la fleur de datura déploie sa corolle, cellules qui se collent à d'autres cellules ! Dans quel but ?
Rien à dire, yeux écarquillés traversées de réalité, ton sang bouillonne, ton cœur est une horloge qui avance vers l'immobile !
Dans ce tohu-bohu, tu appelles, tu cries un nom pour écarter des tentures impassibles, t'arracher des lianes, effroyables chevelures obscures qui désirent ta noyade !
Ta table est une île, un roc où tu t'arrimes, ton crayon, ton cri pour être avec l'océan, connaître avec sa houle toute la force de vivre !
Rien à dire, tout à dire !Par les mots qu'aucun pouvoir n'emprisonne, parle l'être !
Parle ton être, déferle ta vie ! Merle et merlette vont et viennent aux abords de la glycine pour nourrir leurs petits. Aucune lassitude dans ce manège incessant !La vie nourrit la vie ! Le rosier blanc est une montagne de neige. Le feu des pavots fume encore ! Les pivoines devenues chauves penchent vers la terre.
Aussi fier sois-tu, toi aussi tu te pencheras vers ce qui a soutenu chacun de tes pas. Que tu le veuilles ou non, tu franchiras la porte, tu verras la nudité s'approcher comme une princesse pose un baiser sur le front de celui qui dort !
Rien à dire et que dire encore ! Partout il pleut des mensonges qui donnent une eau noire ! La voilà qui dévale le caniveau, cherche un soupirail comme l'égaré espère l'issue ! Qu'elle y disparaisse à jamais !
Le pus en allé, au travers de l'abcès bat l'immensité !
Ici, on respire ! Cœur à cœur, tel est le premier secours ! Fini les plans, les échafaudages ! Ici, on ne te demandera pas ta carte !On voudra voir le diamant qui pousse en tes entrailles.On voudra voir ta chair qui palpite et qui irradie.On parcourra les horizons pour un regard de prairie, pour une main étincelle, pour une étreinte où tout se renouvelle !
Il fera bon loin des programmes, des promesses jamais tenues ! Rien à dire, langage mort ! Les muets, les anéantis, les blafards, les clopin-clopant, les assassinés d'un regard, les poignardés d'un mot vendront sous toutes les fenêtres hautaine et pour une fois, on entendra leur voix, qui n'ont rien à dire, tout à dire, dans ce désir de vivre !



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