mardi 6 mai 2014

Rendre compte, être avec soi comme un arbre qui tremble sous la brise du soir, tu es attentif à ce qui se tait derrière les mots. Autre présence, autre langage ! 
Qu'est-ce qui te permet d'être debout ? Les roses croisées sur ton chemin de tous les jours ? Et si tout était de l'ordre du miracle . Plus grandit ta fragilité, plus il te semble disparaître, plus le monde s'offre comme une caresse ! Il y a les feuilles du noisetier qui se déplient comme un éventail, l'ombellifère qui se repose en elle-même dans l'équilibre de sa forme ! Il y a le réveil sur ton bureau qui n'est plus là pour marquer le temps mais pour introduire à la profondeur !
Tu plonges ! De quoi aurais-tu encore peur ? Tu croises des visages si beaux. On dirait des océans. Une telle douceur dans les regards comme l'avoine qui ondule dans les champs !
Ondulation des cheveux noir et argent de ta grand-mère qui est venue te voir, comme cela, un matin, par l'étrange chemin de ta mémoire, douceur d'une femme qui comprenait sans dire mot, cœur cloué par une souffrance qu'elle taisait pour préserver l'amour !  Mon petit, mon petit ! murmurait-elle et on ne sentait ni reproche, ni colère, seule l'infinie douceur qui venait de plus loin qu'elle !
Ce soir, le hêtre pourpre a retrouvé sa flamme.Il domine fièrement la colline et tu le regardes d'une manière neuve, ou plutôt, il vient à toi sans s'imposer. Il est encore là pour longtemps! Mais si personne ne le contemple, existera-t-il vraiment ?
Les oiseaux s'agitent un peu plus avec l'arrivée du soir, comme les humains qui font une dernière course avant de rentrer. Toi, tu écris, tu sens la fumée qui monte d'un jardin voisin. On y brûle des branches mortes avant la pluie. Est-ce ainsi la paix ? Le soir, avec ses odeurs, ses arbres qui n'écriront jamais ?
Venir au monde, tu le sais bien, personne ne le demande.Et pourtant tu aimerais qu'il advienne quelque chose ! Tu attends sans attendre, comme s'il fallait ouvrir les yeux encore plus grands !
La fumée s'éloigne, les fleurs du marronnier, chandelles roses et blanches, s'allument dans la nuit qui vient !


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