dimanche 11 mai 2014





Giboulée de mai fait ce qui lui plait ! Branches arrachées, pétales de roses au loin dispersés ! Seuls les iris semblent résister ! 

Pendant l'éclaircie, les nuages blancs restent en embuscade derrière la colline. Un oiseau rigoureusement seul monte au zénith, lutte contre le vent, puis disparaît, tu ne sais comment. Était-ce une vision ?

Rigoureusement seul, tu te tiens à l'avant de ta fenêtre étrange. Tout s'y déroule immuablement dans le plus grand des silences. A qui écris-tu ? Ceux qui te liront comprendront-ils la carte incertaine du pays que tu habites ? C'est la contrée des yeux qui veulent rester ouverts. Arbres et oiseaux y inventent des danses toujours nouvelles. La parole n'y a plus cours puisque tout y parle d'une caresse qui cherche un chemin pour dénouer les étranglements de l'ombre.

C'est ton pays qui ne dit rien, qui attend toujours d'être rejoint, dans une grande patience, un pays qui ne compte pas le temps, qui invite tout doucement ceux qui veulent y entrer à se laisser rejoindre comme lorsqu'on s'allonge dans les herbes folles et que l'on oublie son corps tellement on est bien !

Une nouvelle menace assaille la lumière ! La pluie balafre l'espace qui noircit. Tout s'assombrit. Tu pourrais presque voir l'angoisse à couvert sous les arbres. La page blanche devient grise. Tes mains sont des ombres qui bougent encore !

A qui écris-tu ? Le ciel se déverse avec rage. Peut-être écris-tu pour ceux qui croient que tout est résolu, qu'il n'y a rien à comprendre, que le paysage derrière une fenêtre n'a qu'une dimension, ne recèle aucun mystère ? Peut-être écris-tu pour ceux qui ne regardent jamais l'espace ouvert au-dessus de leurs têtes, n'en éprouve aucune angoisse ou aucune ivresse, ont tout ce qu'il leur faut derrière leurs murs de pierre ? Peut-être écris-tu pour ceux  qui aperçoivent encore les oiseaux, mais sont seulement inquiets de leur liberté ?

Tout demeure en suspens. Tout reste voilé. Grondement de tonnerre ! Tes questions sont aussi des oiseaux qui disparaissent. Tu ne sais pas pour qui, ni pourquoi tu écris ! Simplement la vie, la caresse de ta vie qui va plus loin cherche le monde où l'on est enfin compris !






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