dimanche 9 février 2014

Tu ne peux plus, tu n'y arrive pas ! Et pourtant, tu as encore la force de lever la tête. Presque à chaque instant le ciel est neuf. Tout s'y déroule sans frontières, et toi, tu aimerais dire, tu aimerais vivre. Pourquoi est-ce ainsi ? Pourquoi vois-tu cette attente chez tout le monde, et rien ne se réalise, comme s'il y avait un obstacle invisible, un mur impossible à franchir ! Tu vois bien qu'on ne peut se satisfaire d'un bonjour de façade, de la neige qui ne vient pas, de la pluie qui se prolonge. Tu vois bien qu'on aimerait être plus au cœur de l'être, connaître tout ce qui anime un sourire, parfois une larme. Mais chacun reprends son rôle, même s'il y a une flamme derrière le regard, ou une émotion qu'on ne peut dissimuler tout à fait ! Rideau de pluie soudain, avec des rafales de vent qui se mêlent au soleil ! Tout s'éclaire. Tu es seul et tu aimerais entendre un rire ou une voix, mais tu entends seulement l'horloge qui mesure le temps, l'absence, le silence.
Dans cette conscience de rien, là où rien ne subsiste, là où rien ne se présente, tout n'est-il pas possible ? Qu'est-ce qui empêche un autre avenir de se dessiner ? Tu revois les centaines de corbeaux au crépuscule qui parcouraient le ciel en tout sens ! Aucun chemin, aucun projet ! Une sorte d'ivresse à se perdre dans l'espace, à ne pas choisir une direction, à se poser sur le houppier d'un arbre choisi au hasard, puis  à repartir aussitôt, sans raison, pour rien , pour l'amour de rien !
Tu sais qu'il y a de la souffrance, des enfermements, des effondrements, parfois sans retour ! La marque n'est plus au fer rouge ! Elle est scientifique, imparable, issu d'un diagnostic !  Tu sais qu'il y a une volonté de se détruire et de tout détruire autour de soi ! Et puis il y a un calme, une paix qui n'est pas forcée, comme le bruit d'une goutte d'eau, ou une seule note d'un oiseau craintif ! Tu sais sans savoir, parce que cela ne s'apprend pas. C'est plutôt dans ce qui se défait, dans ce qui arrive au bout, quand il n'y a plus d'issue, quand les mots deviennent de trop, toutes les déclarations d'intention, surtout les belles phrases, les discours qui tentent de masquer la faille, comme celui qui parle de douceur le corps raide comme un soldat de plomb ! Tu sais que la violence vient sans crier gare, la nuit brutale, le désir que tout se termine, et là... incompréhensible, sans rien avoir demandé, tu es ramené à une simple humanité, une fragilité d'accueil, toutes les fibres de ton être ! Il n'y a plus de mérite. Chaque seconde, tu perçois que se continue ce désir qui est au cœur de tout être, malgré ces blessures..et tu es cette conscience. Tu n'as plus d'idées, tout vient à toi maintenant et tout est devenu simple. Tu aimerais que la terre s'ouvre et engloutisse ce flot de mots qui sont des poignards et font leur oeuvre de mort ! "Qu'est-ce que la vérité ?" dit Pilate. Il la met à distance. Il ne vient pas à la vérité. Il pressent mais il cherche encore à tricher. Il ne veut pas voir cette vérité qui est devant lui. Il garde sa couronne, il ne veut pas être détrôné : Il a peur de cette nudité, de ce vide qui s'avance en un visage d'homme. Il ne veut pas que l'eau coule pour rien, il ne veut pas de la gratuité ...et toi, tu vois le ciel qui se recouvre. Il n'est déjà plus le même ! Tu n'est déjà plus le même ! Tout se recouvre de silence !


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