jeudi 13 février 2014

Là aussi, tu ne comprends pas ! Peut-être cela vient-il parce que tu n'as plus rien à perdre ! Pardon à ces sœurs si  humaines lorsque je joue avec les mots ...un peu plus tôt, un peu plus tard...Oui, il nous faut mourir, tout abandonner, laisser cette tendresse, cette vie qui n'aura pu aller jusqu'au bout de son accomplissement , mais quel déchirement ! Tu vois cette pluie que n'arrête pas de tomber, mais cela n'a guère d'importance. Tu es là, vivant avec ce si grand désir qui cherche à se dire, et c'est toujours comme un chant, la recherche de l'élan, comme ce matin l'enfant-escargot qui courait vers l'école avec son cartable coquille et qui parlait tout seul : "mon pantalon descend ! mon pantalon descend !" Tu es là et tu n'as pas besoin de beaucoup d'explications pour comprendre par l'intérieur à quoi toute vie se résume ! Tu penses aussi à ton ami disparu si vite la semaine dernière qui t'avait écrit un mot si gentil à la mort de ta mère ! Et toi tu as laissé le temps distendre ce lien et tu le regrettes maintenant. Si nous avions conscience, vraiment conscience que notre vie est une goutte d'eau au bord d'un seau comme l'écrivait tu ne sais plus quel sage !
Oui tu voudrais goûter ta vie encore plus intensément, chaque instant, ne pas le laisser disparaître dans des abîmes de tristesse ou d'ennui. Partout un mystère affleure, comme l'autre jour, dans le cimetière, cette dame au loin qui marchait solitaire dans une allée d'érables aux troncs centenaires. Elle avançait vers toi, un peu courbé, un peu fragile. Sans doute venait-elle de se rendre sur la tombe  de quelqu'un qu'elle aimait car quand tu l'as croisé, elle avait le regard un peu perdu dan son visage entouré de beaux cheveux blancs ! Oui , c'est comme si l'on nous enfermait, c'est comme si l'on nous mentait ! Mais la vie ce n'et pas cela, la vie n'est pas derrière nos écrans de portable, derrière tous ces masques que nous ajustons tant bien que mal pour tenir notre rôle. Non la vie est là dans notre fragilité, quand nous n'en pouvons plus, quand nous osons parler à un inconnu, répondre à un sourire par un autre sourire et en être bouleversé. Oui, nous allons tous mourir et c'est irrémédiable. Alors qu'est-ce que nous attendons ? Croyons-nous vraiment que tous nos plans, toutes nos idées, nos projets, nos jugements sont si importants ? Ce soir tu vois cette vague qui approche ! Comme tu aimerais qu'elle emporte tout, qu'elle te dénude, qu'elle te révèle enfin qui tu es vraiment, quand abasourdi de fatigue et de bruit, de paroles vaines et de faux-semblants, tu te penches vers une eau fraîche pour t'en humecter le visage, comme si soudain tu étais plongé au cœur d'une vie qui ne finit pas, qui ne peut jamais finir et qui a le visage d'un petit matin en montagne quand on ouvre la porte du refuge où l'on entend le souffle des nuages sur les cimes ! Ce soir et toujours, viens et emporte nous !

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