jeudi 17 octobre 2013

J'ai vu une petite chenille brune et noire sur le trottoir, tout-à-l 'heure. Elle ne bougeait plus beaucoup. Sans doute allait-t-elle mourir là ? Une chenille en octobre, c'est bien la première fois ! Une chenille pour un papillon de Noël avec deux belles ailes blanches  qui auraient enchanté les enfants ! Mais ce papillon est un rêve, comme beaucoup d'autres rêves qui jamais n'aboutiront ! C'est ainsi que se passe ta vie, de rêves en rêves souvent inachevés , toujours violemment interrompus par autrui. Tu te revois lisant, enfant, sur ton lit au montant de skaï noir sur lequel tu posais ta tête, avec un livre d'aventures en main : Dylan Stark, Langelot, Arsène Lupin, les Aventures extraordinaires de Jules Verne. Souvent un adulte rentrait dans la pièce : "Arrête donc de rêver, regarde comme il fait beau dehors ! Tu ne peux pas aller jouer dans le jardin" Mais toi, tu étais bien dans ton rêve et tu avais bien du mal à comprendre ces brutales intrusions ! A quoi voulais-tu donc échapper ? Peut-être avais-tu compris très tôt que beaucoup d'adultes jouaient à être sérieux et importants, car dans le fond ils étaient tristes et malheureux ! Derrière leur regard parfois sévère, tu voyais bien qu'ils avaient perdu le goût véritable de vivre, l'émerveillement de chaque instant ! Et maintenant quel rêve te reste-t-il ? Tu croises tant de visages tristes ou prisonniers de ce qu'ils croient intenses et qui n'est qu'un écran de fumée ! Et puis il y a tous ces visages que tu aimes, où tu pressens encore l'enfant toujours vivant, une certaine tendresse, une blessure, une fragilité. Le masque n'a pas tout envahi ! Il n'y arrive pas. Quelque chose affleure, une compréhension intime de la vie qui ne passe pas par les apparences et les mots, une souffrance secrète surmontée, une douceur qui imprègne tout, le regard, les gestes, la marche ! Oui, tu sais tout de suite à qui tu as affaire ! Le corps, les yeux ne trompent pas !
Finalement cette petite chenille avait sans doute un message à délivrer ! Un jour quelqu'un t'a traité de larve ! Cela a été très dur à vivre, et tu ne t'en ai jamais remis vraiment ! Mais tu n'en veux plus à cette personne, car, peut-être sans le savoir, elle t'a engagé sur le chemin de la métamorphose. Et tu sais qu'un jour, tu deviendras un papillon de noël qui poursuivra sans fin son rêve !

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