Hier matin, sur ton chemin journalier, tu avances envahi par la fraîcheur du ciel. Un théâtre de nuages accueille l'émotion de l'aube et tu marches un instant sans pensées, ouvert soudain à une dimension qui donne l'ivresse. Il n'y a plus de prison. Où te regarderais-tu ? Même les maisons et les immeubles semblent sortis rafraîchis par leur bain nocturne. Les dernières feuilles qui jonchent le trottoir crissent comme des cigales, et toi, tu n'as d'yeux que pour cette mer de nuages qui se jette en écume blanche sur le sable bleu d'un rivage où tout regard se perd. Toi aussi tu te perds, tu ne comptes plus. L'air pur et l'invitation du large a retiré ton masque de vieillesse. Quel âge as-tu ? Dis-le maintenant dans cet oubli ! Tu marches et tu respires, croise des visages qui, même sans le savoir, interrogent le mystère, et si toute peur s'envolait, la vie ne serait qu'un échange de sourires, au cœur d'une même conscience d'être. Mais le filet cherche à nouveau sa proie, resserrant ses nœuds de mémoire. Oublieras-tu ce passage entre les mailles ? Ne vois-tu pas que tu peux naître et vivre dans la stupeur de l'aube ?
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