vendredi 12 décembre 2014

-L'assiette ébréchée-

Au loin,
toujours plus loin,
quelques paillettes d'or
dans le regard,
une si brève lueur,
et déjà tout s'envole,
comme l'enfant
qui ouvre la main
sans regret,
et le ballon disparaît !
Tu n'as rien retenu,
sauf l'éclat rose
d'un bourgeon à peine ouvert
de pommier du Japon,
et les oiseaux trop réveillés
ce matin
par la fausse douceur de l'air.
Le silence te suffit.
Une montée de silence
en pleine rue,
parmi les voitures
qui vrombissent,
envoûtement,
tu t'habites,
tu oublies les regards
et ne voit que noblesse,
jusqu'aux grains de bitume
du trottoir.
Tu repenses à cette mère
qui a perdu son enfant,
tu es là,
c'est tout,
toutes ces larmes
rejoignent le fleuve
sans vocabulaire.
Au bord s'éveillent
tous les
définitivement brisés,
et ils ne voient plus,
hypnotisés,
que les reflets d'or !
Plus rien ne sera comme avant.
C'est un autre pays
qu'ils habitent,
là,
les yeux ouverts,
avec la seule conscience,
compagne absolue,
cerf-volant
qui joue dans le ciel !
Et le cerf-volant te parle :
"Oh ! surtout tiens mon fil,
fil qui te relie
et te délivre !
Toi, passe parmi les hommes
les ciseaux à la main,
pour ouvrir des brèches.
D'autres viendront,
d'autres habiteront
le pays profond
où il n'y a rien à faire,
Respirer seulement,
être frère,
avec cette clarté
cœur au centre
l'infinité présente,
jusque dans l'assiette
ébréchée !
Tiens mon fil !
Tout le reste,
ombres et mort !


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