mardi 22 juillet 2014

Arriver là en cet instant où l'on sait que ce ne saurait être mieux, amoureux d'un rayon de soleil sur une table ronde ! Arriver là à respirer le silence, comme le grand vent qui accompagne l'éclaircie !
 Tu te tiens en suspens, entouré d'hirondelles qui volent dans le soir, inventent des chemins, poussent leurs cris. Tu te tiens là comme la buse au guet sur son piquet de champ, sans rien savoir, sans rien comprendre, avec une source au plus obscur, avec l'homme qui tombe, l'homme effondré, qui découvre la douceur de l'herbe, ne pouvant tomber plus bas. 
Là, au cœur de toi, amoureux d'un rayon de soleil qui passe sa main de lumière sur ton bras, et tu ouvres les yeux, tu ne cache plus ta blessure. Tu es en ton humanité à la jointure de tous les autres êtres humains. Tu t'abaisses parce qu'il ne t'es plus possible de t'élever. Tu épouses la mousse des forêts. Tu frottes ta joue à l'écorce de l'arbre. Tu te retrouves, comme tu écartes l'ombre d'un visage, en le prenant entre tes mains  !
Tu vois clairement ce qui est bon à vivre, comme lorsqu'on respire la bonne odeur d'un drap un peu rêche. Tu cherches des mots pour ce passage, car cela passe en toi mystérieusement, comme une grande coulée, un étonnement inexplicable. 
Tout vit ici dans une joie douloureuse, avec le feuillage couvert de larmes d'or ! Quels autres mots trouver, lorsqu'on s'enfonce dans le silence devenu nourriture, lorsqu'on voit autrement, lorsqu'on voit la vie bonne qui ouvre le chemin, éclairs blanc sur les ailes de la bergeronnette, loin de la vipère éventrée sur le goudron ?


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