Un chien blanc à la fenêtre d'une
maison te regarde marcher d'un air complice ! Connivence soudaine
entre toi et une bête heureuse d'humer l'air de la rue ! Et puis il
y a eu les quelques mûres du fond du jardin ! Laquelle avait le plus
de goût ? Tu as encore leur parfum un peu acide dans la bouche. Deux
fois rien qui viennent s'ajouter aux milliers d'autres riens qui
forment le bouquet de ta vie. Mais un rien auquel on prête
attention, un rien goûté comme on s’enivre de la senteur d'une
rose, n'est-ce pas extraordinaire ? Et si certains te regardent comme
moins que rien, pourquoi en serais-tu blessé ? N'es-tu pas le
goûteur de rien qui se contente d'un frisson de vent, d'une flaque
d'eau, trouée d'espace dans le bitume, d'un nuage amoureux, d'un
rire échappée d'une maison pour secouer les chaînes obscures de
la ville !
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