Comme si toujours était là une main
amie, une main qui s'ouvre à nouveau, et par ce simple geste donne
l'assurance qu'il y a en soi le seul trésor qui vaille ! Tu
t'embarques sans rien prévoir, même si le ciel se couvre. Le
crachin ne peut atteindre le lieu le plus intérieur où parfois tu
te tiens, et tu ne le sais même pas ! On ne s'endort pas au bord des
gouffres, on avance porté par un oiseau aveugle qui s'est livré au
vent comme d'autres habitent le silence ! N'aie plus honte de cette
noblesse qui est l'homme habité par une présence ! Qu'en toi se
taisent les voix qui prétendent te connaître !
Qui peut donc prononcer ton véritable
nom ? Percée ou enfouissement, tu ne sais pas ! Ce pays est trop
libre, trop vaste pour y inscrire des signes dérisoires dans le roc
! Il n'accepte que des dessins sur le sable que les nuits venteuses
effacent ! Tu acceptes d'être un muet qui offre ces mots comme
d'autres chantent dans le noir ! Tu t'éclaires à la lueur d'une
perle que tu ne posséderas jamais ! Tu veux bien que l'on tourne
pour toi les pages d'un livre où s'effacent tous les visages !
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