lundi 2 février 2015

Le bleu du ciel est apparu en même temps que la pie à son poste de guet, au plus haut de l'arbre.
En arrêt, elle regarde le soleil qui décline avec cette lumière soulignée par un nuage sombre au bord de la colline.
L'arbre ne tressaille plus sous les assauts de la neige. Il tend ses branches couvertes de lichens comme s'il voulait s'arracher de la terre et peut-être enfin rire.
Mais le rire d'un arbre, est-ce possible ?
Les boules de gui qu'il est contraint de loger dans sa ramure s'agiteraient en tout sens. Cela ferait une drôle de danse, là-haut, avec les corbeaux qui ricanent et les merles persiffleurs ! Comme si c'était possible !
Mais les arbres ne rient pas. Tout juste tremblent-ils, surtout quand on les arrache parce qu'ils deviennent trop vieux et trop secs.
Un enfant parfois compte leurs années sur les vieilles souches. Mais cela n'intéresse personne l'âge d'un arbre. On préfère lui donner le coup de grâce, regarder tomber ce géant avec quelques feuilles lumineuses que le vent d'hiver n'a pas emporté. On préfère la chute à l'essor.
C'est comme cet homme, cigarillo aux lèvres qui sort de sa voiture en maugréant. C'est un bloc d'amertume. Son monde est éteint, et il projette sur le trottoir sa fumée de dragon. Il ne voit plus rien, ni les arbres, ni les pies qui méditent, ni le chien qui s'ennuie sur son paillasson.
Aurait-il vu la chute d'un oiseau, aussi brusque et rapide qu'un grêlon qui s'écrase sur sol ? Les oiseaux peuvent mourir en plein vol. Qui s'en préoccupe ?
Impossible de comprendre pourquoi il en est arrivé là ! Par le soupirail de ses yeux ne passent que des soupirs !
L'épaisseur des murailles humaines est phénoménale. On aimerait parler, on aimerait dire, presque à tout bout de champ : "Toi, si tu savais ce que j'ai vu dans tes yeux ...bien plus que des étoiles ! On aimerait boire à la même source, on aimerait plonger dans l'eau de ce reflet et se percher sur cet arbre, comme la pie, dans un monde à l'envers, petit à petit, pour ne plus revenir, partir avec un quignon de pain et sa réserve de sourires. Puis clamer partout : "Ne jouez plus le jeu des gens qui brisent nos échines, transforment la vie en loques. Il n'en vaut pas la peine, ni même une chandelle !
Mieux vaut l'océan qui s'aventure encore dans les rues de la ville et les rêves comme des barques qui ouvrent l'avenir !


1 commentaire:

  1. "On préfère la chute à l'essor" pour un arbre, pour la Nature, les civilisations et l'humanité toute entière.

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