Les tours noirs de la cathédrale montent la garde. Le brouillard est l'ami d'un rêve qui se prolonge !
Tu serres la main chaude et large d'un ami que tu n'as pas vu depuis trente ans. Qu'est-ce qui se renoue là ? Il note sur son journal ton adresse mail !
Son visage est déjà un souvenir qui se prolonge aussi, à travers deux yeux sombres, et puis c'est la disparition !
Tes épaules tombent un peu ! Tu reprends ta marche. Les années s'insinuent-elles jusqu'à tes jambes ?
Sur la place, le vide domine. C'est un trop grand espace. Un rayon de soleil comme une épée tranche la brume. A l'étal de l'épicier, les fruits brillent comme s'il les avait astiqués. Odeur de pain chaud ! la porte de la boulangerie est ouverte. On fait la queue ! Dans l'air une transparence soudaine !
Tu parcoures les ruelles qui ne sont plus si grandes. Pourquoi l'enfance agrandit-elle les distances. Par les fenêtres des vieux hôtels particuliers, tu devines un secret. Il y a sans doute dans des cours intérieures, des fontaines qui coulent pour personne ou pour quelques mésanges.
"Il n'y a pas de hasard !" a dit cet ami rencontré par hasard. La foule est revenue hantée les rues ! Tu regardes tes pieds !
Qu'est-ce que cette tendresse en toi qui ne veut rien dire ? Les mots tournent et retournent dans ta bouche. Avec un appareil qui prends le pouls à ton index, tu as écouté les battements de ton coeur dans le grand hall de la bibliothèque. C'est l'idée d'une artiste !
Tu promènes ton coeur qui bat parmi les livres. "Oh ! Temps, suspends ton vol !
Par la vitre du dernier étage, la ville se déploie, et parmi ses milliers de maisons inertes, des coeurs battent aussi !
Eclaircie comme une déchirure ! Ce n'était pas une trouée, mais une vraie rupture des nuages dans le ciel. Et s'il était possible de retrouver la légéreté ?
Sur la place, parmi les fleurs en fanfare, il y
avait une sauge rouge étrange, légère, aérienne ! Si tu prononçais un voeu, ce serait celui-là, ne plus rien peser !
Dans l'allée de la pépinière, tu as croisé justement quelques enfants sans poids, et près de la chapelle des cordeliers, un couple aux cheveux blancs qui ne portait pas le poids des ans !
Qu'est-ce que c'est que ce mensonge ? Ce qui est rigide tue la vie ! Départ à chaque seconde : tu ne veut plus te reposer à l'arrivée. Il n'y a pas d'arrivée, rien, le dire, le voir pour permettre le passage. Tu te mets en chemin avec cette lueur. Est-ce si étrange que cela de se fier à un fil invisible, un fil qu'il fait bon tenir en main ?
Une perruche d'un vert intense traverse l'espace avec son message : sois un vivant ! Tu es un verre de cristal fragile !
Sur les pavés de la place, tu as aperçu des milliers de signature. Tu aimerais toi aussi signer une alliance. Une place t'attend dans la ronde, où l'on est sans mesure, ouvert et libre, plus que le vent !
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