S'il n'y a plus de peur, tout est retrouvé. Calme dimanche matin. Entre les sapins, la fumée blanche apparaît, disparaît, joue avec le soleil qui joue aussi avec les nuages qu'emporte la bise.
Tu es avec toi-même comme avec un vieil ami un peu fourbu. Tu es. Cela pourrait même être sans l'écrire.
Mais le soleil sur la page réchauffe l'écriture. Le stylo danse aussi avec son ombre emporté par un désir encore obscur. Tu es avec les mots comme avec des pierres qui prennent couleur dans l'eau vive du torrent. Retirées de l'eau, elles deviennent ternes, un peu comme des mots égarés sur la rive, privés de leur chant, des mots au rebut.
Tu veux prendre du temps avec des mots, pour être avec toi-même, comme avec un ami qui pose sa main sur ton épaule, l'air de rien, pour dire qu'il te comprend.
Tu n'as plus peur du dénuement. Cela qui est, cela qui s'offre est un bon moment, même s'il n'y a rien, ni personne.
Écris-le !
C'est déjà un mystère. Personne ne mettra le grappin dessus ! On n'en fera rien ! C'est un peu comme cette fumée qui apparaît, disparaît. Tes mots, c'est ton cœur avec sa ritournelle qui n'a aucune raison d'exister ! Elle viendra peut-être frapper à d'autres fenêtres. Mais tu n'es sûr de rien.
Peut-être se perdra-t-elle définitivement ?
Les paroles s'envolent. Les écrits ne restent pas. Ils se dissolvent lentement, comme le papier qui jaunît. Et puis tu le sais bien, on dira que c'était des mots pour rien !
Mais les mots pour rien prennent couleur dans l'eau vive du torrent, et ton cœur s'en porte bien, parce qu'il chante sa ritournelle, même si cela gêne ceux qui courent après des riens !
Entre l'amour et la peur, chacun fait son choix !
(Primevères du jardin !)
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