Ce pourrait être ce calme, le goût du café ou de la poire qui fond dans la bouche ! Ce pourrait être un livre de Jack London, "John Barleycorn", son autobiographie d'alcoolique ! Ce pourrait être les kiwis du jardin, et l'herbe à curry qui grandit, grandit ! Ce pourrait être un enfant qui sanglote, consolé par sa mère, ou le vendeur de brocante, qui rayonne de sa nouvelle dignité dans une chemise mauve éclatante, tous ces moments tranquilles, ces objets qui sourient, le sommet des grands frênes qui se balance à nouveau !
Et toi, tu te retires doucement. Tu ne retiens rien ! Tu accompagnes la lenteur, une certaine langueur, ou l'agitation qui tourne parfois à la frénésie ! Tu les accompagnes comme on ramène un ami à la porte. "Au revoir ! Reviens me voir quand tu veux , j'ai été heureux !" Et l'ami s'en va. Tu le vois descendre la rue, se retourner pour te faire un dernier signe de la main ! La porte se referme. La voix de ton ami résonne encore un peu.
Tu retournes seul à ta vigie, veillant sur rien, ou attentif seulement à ta fenêtre qui est comme la proue d'un navire voguant au milieu des vagues, des nuages qui sont là en voyage, et personne ne sait vraiment pourquoi !
Ce pourrait être un manège rempli d'enfants et de cris qui tourne et tourne, et tous les parents, les bras croisés, qui ne tournent pas, échoués là, attendant avec une légère angoisse la fin du tour, et peut-être une colère, un caprice à la clef !
Ce pourrait être deux sœurs heureuses de se retrouver et qui se parlent ! Leurs rires légers soutiennent les ailes des oiseaux de passage !
Ce pourrait être la dernière rose trémière du jardin sur sa hampe de graines, qui se penche, comme si elle voulait mourir dans un lit d'herbes !
Ce pourrait être un homme qui comprend ce qu'il n'avait jamais vraiment compris et qui pense qu'il lui reste tout de même un peu de temps pour encore mieux comprendre !
Et toi, tu t'éloignes, tu ne sais pas où tu te tiens, peut-être un peu plus loin, jamais indifférent ! Tu vois ton navire et sa fenêtre-proue qui monte et descend sur les vagues. Tu lui fais confiance ! Est-ce que tu fais bien ?
La mer est tempétueuse. Aucune terre à l'horizon ! C'est mieux ainsi ! Les âmes vagabondes trouvent leur terre quand tout est fini, et pour toi le voyage commence à peine !
Tu es descendu de ton nuage. Tu n'accompagnes plus le marchand de sable. Tu es colporteur de rien. Tu aimerais que les grandes ombres ne rongent plus trop les visages, qu'il y ait une rivière à chaque coin de rue, et au pied des saules, allongés, des promeneurs qui rêvent leur monde, le voient plus large, un monde où chacun respire toute sa part d'air !
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