"L'espace lui-même est en toi. Ce n'est pas toi qui es dans
l'espace, l'espace est en toi : rejette-le voici déjà l'éternité"
Angélus Silésius
Ecoute, tu es assis, simplement conscient dans le silence
de cette pièce.
Dehors, le bouleau frémit, le peuplier est en transe, le
sapin essaye
d'écrire sur un coin bleu du ciel !
Tu n'y peux rien ! Cela respire, plus que tu ne respires !
Ecoute ton coeur
qui bat !
C'est le tien, et pourtant tu ne lui commandes rien !
Et si tu pouvais voir le sang qui coule à flots dans tes
veines
et va jusqu'au bout de tes doigts !
Ecoute, tu sens ce corps assis là, simplement dans le
silence
de cette pièce,
et toi, où es-tu, toi qui prend conscience en cet instant ?
Que tu fermes ou ouvres les yeux, des notes de piano
parviennent à tes
oreilles.
Ce monde qui apparait, ce ciel changeant qui ne finit
jamais, où sont-ils ?
Tu fermes les yeux. Dans ta conscience, seul le piano joue !
Es-tu dans ce monde comme une simple pierre sur le
chemin, ou une feuille
et ses nervures qui brillent au soleil ? Que décides-tu de
faire apparaître en
ta conscience ?
Si tu te lèves et éteins la musique, il n'y aura plus que le
silence qui siffle aux tympans !
Si tu fermes les yeux, plus profond que cette lourdeur dans
la nuque, au delà du poids de tes poignets, qu'y a-t-il ?
Es-tu seulement ce corps dans
cet espace où tu es devenu aveugle ?
N'y a-t-il pas comme une liberté, une étrange liberté qui
semble se dessiner, une liberté que rien ne peut entraver,
que même un prisonnier
peut découvrir,
un liberté simplement ouverte par ta conscience ?
Peux-tu dire tu es ceci ou cela, comme on épingle un
papillon sur une planche ?
Ne vois-tu pas que cette conscience échappe à toute
définition ?
Approuves-tu toujours ce que les autres disent de toi ?
Tout cela ne t’apparaît-il pas trop étroit,
comme ce reflet dans le miroir qui reste à
jamais un reflet limité ?
Quel monde va apparaître maintenant
en ta conscience libre et infinie ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire