mercredi 11 novembre 2015

En une nuit ou presque
la colline est nue.
Des milliers de papillons
jaunes et oranges
jonchent le sol.
Restent des squelettes noirs
des systèmes veineux
à l'encre de chine.
Par ci, par là
des poches de résistance
virent à la rouille.

Novembre s'avance
avec ses ombres.

Je plonge avec elles
puisque dehors
rien ne m'appelle.
Même les corneilles
ont déserté le ciel.
J'ai le même esprit
qu'il y a longtemps
lorsque enfant
je laissais glisser
entre mes mains le sable
de la forêt d'Hennezel.
Je suis pour toujours
un cri d'étonnement
dans un berceau blanc.

Le poids du corps
est un leurre.
Cheval fourbu,
je mange l'avoine des jours
le cœur tourné vers la prairie
qui frémit de printemps.
Je regarde la feuille
qui est morte
avec la douceur
d'un bourgeon.

Novembre me déshabille
de ce qui ment.

Les nuages emportent des lueurs
dans leur étoupe grise,
lueurs aveuglantes.
On ne peut fixer le soleil
trop longtemps.
Le vent joue autour
du noisetier.
Les dernières feuilles
se parlent entre elles
ou peut-être dansent-elles
avant de disparaître.
Ultime pirouette.

Je ferme les yeux.
Le soleil tente une percée,
vient prendre la place de la tête
que j'ai perdu
il y a quelques années
dans l'ouragan d'un goéland.
Mes petites annonces
pour la retrouver
n'ont servi à rien.
Et puis d'ailleurs
on vit très bien sans tête.
On voit plus loin.

On voit derrière les nuages
qui ne prennent jamais le temps
de contempler les étoiles immobiles.
Le soleil m'inonde maintenant,
révèle les taches de pluie
et de doigts sur les vitres.
J'apporte quelques brindilles
et branches obscures et tordues
à ce grand feu de joie.

Novembre peut aussi avoir
des couleurs d'ambre.

On a tous un oiseau à nourrir
dans sa poche de veston.
Quand la carcasse
se met à grincer,
c'est lui qui prend le relais.
Un petit vers lui fait du bien
et l'eau claire d'une chanson
Cela suffit pour qu'un jour
il puisse ouvrir ses ailes

Pas besoin de tête
pour le regarder voler !





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