-Depuis mon banc-
Le banc, mouiller l'ancre
Comme un passage d'oiseaux, la foulée rythmée de deux joggeurs dans une allée au loin
L'air accablé, chapeau de paille sur la tête, il marche traînant des pieds. Par le pas, voir l'état de l'âme
« Caillou, ciseaux, papier ». Le monde n'existe plus pour le grand-père avec son petit-fils. Ils jouent tout en marchant
Le banc est aussi une fenêtre. Au lieu des nuages, y passent les gens
Je m'amuse à compter les différentes variétés de vert des feuillages. J'en trouve une douzaine. A chaque arbre son vert. Pas d'uniforme
La barbe à papa mange la bouche du jeune garçon qui en fait la grimace
Regard clair, une petite fille dans une poussette me fixe. La poussette s'éloigne. Elle se penche pour continuer à me regarder
L'invitation du banc : y'a pas le feu !
Serrés l'un contre l'autre, un couple. La dame élégante s'esclaffe : « Ah ! Eh bien !, cela me rassure un peu, bon danseur, bon skieur ! »
Musique de fête lointaine au rythme un peu lancinant, mais avec la lumière dans le feuillage le parc s'égaye
Majesté du paon qui passe derrière mon dos. Il s'est retenu de pousser son cri
Peut-être le banc en a-t-il plein le dos ?
Je sursaute à chaque fois que se met en route la sonnerie de départ du manège tout proche. Elle ressemble tellement à celle de mon téléphone portable
Rousse flamboyante au pantalon bleu turquoise, où vas-tu d'un pas si assuré ?
Charmante présentation. Deux fillettes se tiennent par la main. « Je m'appelle Nora. Je m'appelle Louise »
Le banc : une crique où la mer s'apaise
« Qui s'y frotte s'y pique !» Les chardons bleus en face de moi ont survécu à la sécheresse
L'espérance du pigeon aux plumes violettes sur le cou : une miette !
La seule poussière blanche des allées parsemée de traces infimes, quand il n'y a plus personne
Pourquoi ce banc ? D'autres étaient mieux situés. Mais il n'y a que celui-là qui m'a invité !
Des cris d'enfants invisibles se mélangent à la musique, un air d'opérette. Pourquoi sont-ils les seuls à crier ?
Sur la pelouse jaunie, le merle noir brille
On ne peut pas être amoureux et faire la tête. Le couple tout sourire assis non loin de moi en est la preuve
Le banc : barque tranquille au cœur de l'océan du parc
Un vieux couple. Quelle distance entre eux ! L'homme marche devant et regarde distraitement ce que lui montre sa femme, les chardons bleus
L'attente un peu ridicule du propriétaire d'un chien quand celui-ci flaire une odeur au pied d'un arbre. Qui est le maître ?
Un homme aux traits tirés cherche un banc et n'en trouve pas. Ils sont tous pris. Il disparaît. Je ne lui aurai pourtant pas refuser l'hospitalité !
Violence du temps ! Il existe des bancs sur lesquels on a posé des barres exprès pour qu'on ne puisse plus y dormir !
« Tiens-toi tranquille ! » Comme c'est bon que ce ne soit plus un ordre !
Douceur de l'enfant qui porte son petit frère parti trop loin, dans ses bras. « Tu allais où comme cela ? » La vraie fraternité ?
Le petit s'échappe à nouveau
Deux marronniers centenaires me procurent de l'ombre. Ont-ils gardé en mémoire tout ce défilé de visages ?
C'est mon banc. Même si je ne m'en sens pas propriétaire, j'ai noué une complicité avec lui
Sonorités de la langue portugaise, comme des galets que roule la mer. Rien de heurté, ni de carré ! Je pense à cela devant ce groupe de portugais qui s'arrête à mes côtés
Une petite fille avec un joli chapeau met avec délicatesse son mouchoir en papier dans la poubelle, comme si elle posait un geste sacré. « C'est bien Romane ! » Ces quelques mots condescendants des parents brisent tout !
Un grand coup de pied rageur dans la poussière du chemin par un gamin de dix ans. Pourquoi ?
Le banc, là où les êtres arrivent. Là où parfois ils échouent
On se sent moins seul sur un banc, même quand on est seul
Le banc a les pieds de travers. C'est pourquoi beaucoup de personnes bancales viennent à lui
En écho à votre beau poème un des mes écrits
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Merci Roseline, je viens de lire votre poème; Il est très beau et j'aime aussi les peintures qui l'accompagne ! Je me suis inscrit à votre blog !
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