Dans le long silence de l'après-midi,
dans le déchirement des nuages,
dans le grain de raisin qui accroche la lumière,
une ombre se rapproche
dont tu ne sais rien !
les dernières feuilles d'or du bouleau
signalent sa présence.
Peut-être pose-t-elle
son bras sur ton épaule ?
Tu es là, tu ne t'envoleras pas !
Ce qui se passe en ton corps, en ce moment,
ce n'est pas de la fatigue, du dégoût,
c'est un espace qui ne t'appartient pas,
et l'ombre vient de ce pays muet
où personne ne se reconnaît !
En contre-bas de la fenêtre,
le ginko-biloba semble vouloir
ne perdre aucun de ses écus !
Le soleil de Novembre frôle seulement
la cime des grands arbres.
Serait-il possible d'aller là-bas
et de s'y endormir ?
L'ombre semble grandir, elle qui ne vient pas de la nuit,
elle qui imite avec douceur le glissement des nuages.
Elle vient habiter chez toi.
Elle connaît ton secret !
Elle sait par où passer pour te rejoindre
en cet espace sans violence qui sourit !
Elle te reconnaît, elle t'approuve sans mot dire :
"C'est bien toi que je traverse !
N'es-tu pas toi aussi feuille
d'un grand arbre insoupçonné !
Les feuilles d'or qui veulent vivre encore
tremblent légèrement. Ce sont elles
qui retiennent le soleil prêt à disparaître !
Et tu vois cet espace qui grandit,
l'ombre qui prend ton corps
comme on dépose un enfant
endormi dans son lit !
Les feuilles frémissent plus fort.
Quelques oiseaux se sont réfugiés
dans les houpiers en feu !
Ils ne veulent pas de la nuit !
Ils veulent s'endormir ou mourir
avec le soleil !
Et toi tes yeux se ferment.
Quand tu les ouvriras à nouveau,
il n'y aura plus que l'attente
des arbres dénudés prêts à offrir
leurs squelettes à la neige trop pure !
l'ombre te rappelera
qui tu as été,
qui tu dois rester,
malgré la grande blessure de l'hiver !
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