Rouge érable, les feuilles crient vers la lumière. Cerné de liane, un arbre attend sa délivrance au pied de graminées qui signent le ciel délicatement. Sous la voûte des marronniers, tu regardes jouer la lumière. Les boursouflures de leurs troncs ressemblent à des enfants accrochés au ventre de leur mère ! Les fleurs de pissenlit montées en graine sont des nuages égarés dans une forêt vierge de fleurs. La rouille voyage aussi sur les portails des jardins abandonnés, pendant que les rhododendrons implorent un regard à travers le grillage. Il y a des poussières de soleil sur les boutons d'or. Une tribu d'étamines dansent dans la clairière blanche des aubépines !
Une porte s'entrouvre : tu montes en longeant des pierres moussues adoucies par le temps pour arriver à la prairie d'avant le monde des hommes, là où les herbes restent folles et poussent comme elles veulent. Le chèvrefeuille est comme une étoile qui explose pour projeter ses senteurs. Les abeilles tourbillonnent à l'approche de l'orage. Te réfugieras-tu dans la cabane délabrée où sur une étagère moisissent quelques romans noirs !
Mais un reflet d'eau rouillée où finissent de mourir des feuilles t'appelle à vagabonder. La forêt sauvage devient translucide sous le ciel qui noircit. Des gerbes de fleurs blanches jaillissent des fourrés ! Un noisetier pourpre résiste à la marée verte prise dans une houle que rien maintenant ne peut arrêter. Il est temps de sortir du labyrinthe !
Tu rejoins les vergers, les premières maisonnées. Tu bois encore une peu de blancheur fleurie avant de recevoir sur ton front les premières gouttes. Tout s'assombrit soudain. Même les arbres fruitiers semblent se tordre et danser de douleur. Au pied du cerisier, une fenêtre turquoise t'appelle à l'intimité. Quelques éclairs, la violence de la pluie et tout s'éclaire. Les nuages redeviennent des méduses qui voguent sans savoir où aller pendant que la nuit monte de terre et découpe en ombre chinoise la colline qui s'ébroue !
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