samedi 1 février 2014

Pas un instant de répit ! Il pleut à couteaux tirés ! Tu ne lèves pas les yeux au ciel ! Tu penses aux statues que tu as photographié dans le cimetière hier et qui sont peu à peu rongées par le temps et l'acidité de l'air. Pourquoi les a-t-on mises là ? De quoi témoignent-elles ? Certains pensent à une vie après la mort. Toi, tu aimerais vivre vraiment avant de mourir ! Tu aimes cette réponse de Thoreau mourant à celui qui lui demandait s'il croyait en l'au-delà : "Un monde après l'autre !" Tu as toujours aussi en tête l'image d'un rêve qui date maintenant de quelques années. Tu étais parmi une assemblée de vieillards dont les visages étaient ruisselants de vie. Ruissellement ! Il n'y a pas d'autre mot pour expliquer ce que tu as vu !Tu penses aussi à cette phrase de René Char : " l'essentiel est sans cesse menacé par l'insignifiant !" Oui, vivre, uniquement vivre dans la reconnaissance d'une "Grande Vie" déjà là, toujours présente, toujours accessible, vie ruisselante qui cherche des chemins pour irriguer les terres intérieures des hommes, vie qui ne peut être pour soi, mais vie qui se passe et se donne, vie qui se penche et relève, vie qui console et apaise, vie qui arrête au dernier moment le geste irréparable ! Tu veux vivre, te laisser envahir, saisir une main qui se tend quand tu sombres, pour pouvoir tendre un jour la tienne, rejoindre la ronde des vivants, de ceux qui disent non à tout ce qui efface ou mutile un visage d'homme ! Tu veux vivre d'une vie qui parle d'elle-même, une vie qui irradie, une vie qui transforme ! Et cette vie vient à toi ! Tu n'as rien à faire. Elle vient remplir ce qui est pauvre et vide ! Elle se fera torrent si tu ne cherches pas à la retenir !








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